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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 22:37

 

... nous sommes tous tentés par l'égoïsme et la lâcheté. 

 C’est pourquoi nous ne voulons pas d‘un catholicisme hypocrite et conventionnel, masque de prétendus bien pensants repliés sur leur petit moi, pantouflards dont l'estomac ou le portefeuille tient lieu de cerveau et de cœur. 

Nous ne voulons pas non plus d’un jansénisme pâlot, d‘une religiosité désincarnée.

Nous voulons, et le monde l’appelle confusément, le catholicisme tel qu'il est. 

Souriant comme le Christ qui n’écarte pas les petits enfants, qui nous dit de regarder les oiseaux du ciel et les lys des champs.

Le catholicisme musclé, impertinent, des Saints, des Martyrs, celui qui ne craint pas, sans préavis, de chasser les marchands du temple.

Mais aussi le catholicisme pauvre, non pas de cette pauvreté qui consiste à saccager les cathédrales ou à lyncher les patrons; la pauvreté, la vraie pauvreté chrétienne demande de l’or et plus encore, pour Dieu. Elle demande ces biens très précieux, illimités et renouvelables que sont nos prières, nos intelligences, notre parole, notre temps, notre travail. Ne seraient-ce que les cris et les rires d'une multitude d'enfants et, pour ces malheureux très limités qui n‘ont que beaucoup d‘argent, ne serait-ce que l'unique et misérable obole de leur immense fortune ... il faut tout donner pour la plus grande gloire de Dieu.

LECONS D'ESPÉRANCE

Il faut tout donner avec confiance car notre espérance est grande et multiple. Et les socialistes seront les premiers à nous rappeler que tout est possible. « Il n‘ a pas de fatalisme historique, nous disent-ils, les transformations ne se réalisent pas automatiquement pour la seule raison qu'il est dans l'ordre des faits qu'elles devraient se réaliser. C'est l'action des hommes qui fait l'Histoire, et celle-ci est pleine d‘occasions perdues ». Les premiers "militants, nous rappellent-ils aussi, « se butèrent pendant longtemps à l'indifférence des ouvriers. Ils avaient beau batailler, faire appel à la conscience de leurs camarades : ils prêchaient dans le désert. Enfin, la grande presse pratiquait la conspiration du silence et le monde dirigeant planait trop haut pour condescendre à s' occuper des protestations. Que d ‘efforts furent dépensés ! Combien de tentatives commencées avec une foi ardente furent réduites à néant ! (. . . ). Ces années-là furent des années terribles, et il fallut un certain courage, une foi aveugle en l'avenir, pour ne pas désespérer et pour tenir allumée, malgré tout, la flamme qui devait un jour éclairer les cerveaux des travailleurs et leur montrer le chemin de la délivrance »  

Mais quelle est donc cette foi, « foi aveugle en l'avenir », foi en l'homme ! Foi misérable au regard de la nôtre, mais foi qui leur enseigne tout de même « qu'il vaut la peine de penser et d'agir, que l'effort humain vers la clarté et le droit n ‘est jamais perdu. L' histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l‘invincible espoir (...). Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire, c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques ». Voilà la foi de l'incroyant, voilà la foi de Jaurès. 

Et nous qui prétendons défendre les droits de la Vérité, les droits de Dieu, le vrai Bien, seul rempart contre les perversions, la seule pierre angulaire de l'édifice social, le seul moyen de salut, le seul lieu où l'homme puisse trouver la Joie, nous sommes réservés, pusillanimes, sectaires, moroses, défaitistes, lâches devant l'erreur et nous réservons notre acharnement, notre passion, notre intelligence à nous entre-déchirer.

Claude Callens, professeur belge, (ancien) militant socialiste

Conférence "le messianisme socialiste" , Lausanne, 1976.

***

à suivre ...

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