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9 février 2022 3 09 /02 /février /2022 10:26

« Les enfants sont les premières victimes de la surexposition aux écrans »
Auteurs de La guerre de l’attention (L’Échappée) et cofondateurs de l’association Lève les yeux !, Florent Souillot et Yves Marry alertent contre la surexposition aux écrans et expliquent les ressorts de la guerre que mènent les grandes entreprises du numérique pour capter l’or du XXIe siècle : notre attention. Yves Marry est cofondateur de l’association Lève les yeux !, collectif pour la reconquête de l’attention, avec Florent Souillot, responsable du numérique aux Éditions Gallimard-Flammarion.

LE FIGARO. — La « guerre de l’attention », c’est celle que mènent les grandes entreprises du numérique pour capter le temps de cerveau disponible des usagers, expliquez-vous. Où en est-on aujourd’hui ?

Florent SOUILLOT et Yves MARRY. — La situation est très inquiétante, mais pas désespérée. Nous considérons que l’attention humaine est la nouvelle ressource rare, au cœur de la croissance économique. Et comme avec le charbon, le pétrole ou l’eau, l’extraction ne va pas sans quelques effets indésirables pour l’humanité. Comme tout le monde peut le constater autour de soi, nous passons désormais l’essentiel de notre temps éveillé devant un écran, soit dix heures par jour en moyenne pour les adultes en 2019, et entre trois et quatre heures par jour pour les enfants de moins de 12 ans. Ces chiffres datent d’avant la crise du Covid qui a encore aggravé cette tendance. Toute la société subit des impacts cognitifs et psychologiques, et constate une dégradation du débat public. Oui, la guerre de l’attention nous coûte cher !

— Vous décrivez « la mutation sociale la plus déterminante de ces dix dernières années ». En quoi le smartphone change-t-il radicalement la donne par rapport à la télévision ?

— En dix ans, le téléphone intelligent a fait doubler le temps passé devant un écran, qui était déjà massif auparavant ! Il s’est glissé dans nos poches, s’est invité dans tous les instants de notre vie, constamment connecté, vibrant, omniprésent du réveil au coucher. Nous sommes désormais collés à son écran bleu et à ses applications, véritables armes de captation massive de notre attention et portes ouvertes sur des contenus de plus en plus violents et addictifs. Il s’agit bien là d’une rupture anthropologique et nous parlons de la naissance d’un nouvel homo numericus. Ce n’est pas qu’une image : le cortex préfrontal de nos enfants, assailli à coups de shoots de dopamines, s’atrophie au contact des écrans.

Plus largement, nos capacités attentionnelles, constamment manipulées, se déséquilibrent vers toujours plus de saillance, d’émotion, de vitesse, de récompenses à court terme et d’oppositions stériles. Grâce à ces « outils » surpuissants, nous sommes pris dans une illusion de puissance et de confort de plus en plus difficile à assumer : nous avons beau avoir le monde à portée de clics ou de commentaires, croire que nous pouvons tout maîtriser, nous avons de plus en plus de mal à agir, débattre, nous situer, « entrer en résonance » comme dirait Hartmut Rosa. Du malaise au mal-être, de l’isolement à l’aliénation, jamais un objet technique ne nous avait donné cette impression funeste.

— Vous analysez la manière dont la « captologie » s’y prend pour attirer et capturer l’attention des usagers. Pouvez-vous donner des exemples de cette stratégie ?

— La captologie (pour « Computers as Persuasive Technology ») désigne les méthodes de manipulation qu’offre la technologie. L’utopie d’internet à ses débuts a vécu : le commerce et le contrôle l’ont emporté. Nos applications regorgent de designs destinés à capter notre attention. Cela va des plus perceptibles (White Patterns) aux plus dissimulés (Dark Patterns). Ici, on m’enjoint à adhérer à tel service, là on me complique la tâche pour m’en désinscrire. Prenez le « défilement » infini composé de récompenses aléatoires de Facebook et d’Instagram, l’autoplay dans la lecture des vidéos sur Netflix, la gratification sociale constante sur tous les réseaux sociaux, les boucles de rétroaction de plus en plus rapides : tous ces exemples participent du même effort pour hameçonner l’utilisateur et l’arrimer dans la durée, garantissant des rentes technologiques faramineuses.

Ces procédés sont créés par des équipes regroupant des développeurs, cogniciens, designers, dont l’objectif est de cibler nos biais cognitifs, nos faiblesses, pour stimuler ou inhiber nos différents régimes attentionnels. La grande différence avec la publicité classique, la rhétorique ou d’autres formes de manipulation attentionnelle, est que l’algorithme est constamment en évolution, capable de mesurer immédiatement son effet et de s’ajuster. Quelques personnes parmi les mieux payées dans les entreprises les plus riches de la planète peuvent désormais, grâce à la captologie, influencer en temps réel les actes de milliards d’autres.

— Vous dites que les premières victimes de cette guerre de l’attention sont les enfants et parlez même d’« enfance diminuée ». Quelle est l’ampleur des dégâts ?

— Loin d’être « augmentés » par les prothèses numériques, nous sommes en réalité « diminués », et cela se ressent fortement chez les enfants : retards de langage, baisse de la concentration, de la mémoire, de l’intelligence, du sommeil, hausse de l’obésité, de l’agressivité, du mal-être. Les études, lorsqu’elles sont indépendantes, sont toujours plus inquiétantes. Comme pour tous les maux sanitaires et environnementaux, la surexposition aux écrans touche davantage les milieux défavorisés. Le temps d’écran varie ainsi du simple au double chez les enfants, ce qui se comprend aisément. Dans les quartiers nord de Marseille, où nous intervenons, les possibilités de jeux extérieurs sont limitées, de même que les moyens des familles pour financer des activités extrascolaires. La prévention est donc fondamentale.

— Vous êtes très sévères envers les projets d’école numérique. Pourquoi ?

— On est en train de se jeter corps et âme dans un projet de numérisation de l’éducation, sans qu’aucune étude n’y voit un avantage pédagogique. Bien au contraire, toutes les études démontrent que cela ne fonctionne pas. Et chaque fois la conclusion est : « Alors dans ce cas…, il faut plus de numérique, il faut davantage former les enseignants ! »Jamais on envisage l’hypothèse : Et si, pour apprendre, il valait mieux des humains, des livres et des cahiers ? La numérisation de l’école grève les finances publiques, a un coût écologique massif, et aggrave la surexposition aux écrans des jeunes.

On nous rétorque que tout dépend de l’usage, qu’on peut limiter le divertissement et encourager le « bon usage », autrement dit celui de Wikipédia et des tutoriels… Mais qui y croit vraiment ? Quel adolescent de 13 ans ira lire un cours en ligne quand, en deux clics, il peut regarder ses youtubeurs favoris s’envoyer des vannes ou le top 10 des plus beaux buts ? Les collégiens que nous rencontrons utilisent toutes les tablettes fournies en classe pour des usages récréatifs. L’idée d’un numérique moteur d’une nouvelle pédagogie, personnalisée et adaptée à notre temps, est un mythe promu par des entreprises qui voient dans l’école une opportunité commerciale, et se soucient peu de sa mission éducative.

Nous interpellons les politiques qui peu à peu se montrent sensibles à nos arguments car partout, l’ampleur des dégâts causés par l’économie de l’attention se fait jour.

Source : Le Figaro via ce site québécois 

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6 février 2022 7 06 /02 /février /2022 10:44

On peut acheter le livre chez Livresenfamille ....

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27 janvier 2022 4 27 /01 /janvier /2022 10:23

Une histoire secrète de la Révolution

Les derniers jours de Jésus

Anges et démons. L´enquête

etc.

C'est ICI

 

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12 janvier 2022 3 12 /01 /janvier /2022 18:23

 

En 1963, son roman Les Briques raconte les derniers jours de la "révolution hongroise".

Selon certaines sources, Batori participa, à Budapest, à un groupe d'écrivains d'avant-garde. Il subit l'écrasement de la révolution de 1956. Il se réfugie alors à Paris. Il fréquente les milieux d'intellectuels émigrés des pays de l'Est et publie, en 1963, Les Briques, roman des derniers jours de la révolution. Ce roman aura un retentissement important.

Après avoir publié dans les revues de l’émigration hongroise et fait traduire certains de ses romans en français, il écrit dans cette langue la suite de son œuvre, pour laquelle il reçoit en 1965 le Grand Prix catholique de littérature. Peu après cette époque, il fut engagé pour seconder le P. Christian de Chergé, qui devint célèbre plus tard, à la direction d'un collège-lycée parisien, où il resta quelques années. Son milieu d'émigration fut celui du catholicisme romain.

De son oeuvre, nous n'avons trouvé que des romans. Initialement, il écrivait en hongrois et était ensuite traduit en français. Plus tard, il écrivit directement en français. Plusieurs de ses romans furent traduits en anglais, espagnol et néerlandais. 

Les Briques est recensé parmi les 25 ouvrages mondiaux recommandés dans Le Nouvel Observateur du 23 mars 1984.

D'après un article lu ICI.

 

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3 janvier 2022 1 03 /01 /janvier /2022 11:51

 

La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc (1913),

par Charles Péguy (1873-1914)

 

PREMIER JOUR
POUR LE VENDREDI 3 JANVIER 1913
FÊTE DE SAINTE GENEVIÈVE QUATORZE CENT UNIÈME 
ANNIVERSAIRE DE SA MORT

I
Comme elle avait gardé les moutons à Nanterre,
On la mit à garder un bien autre troupeau,
La plus énorme horde où le loup et l’agneau
Aient jamais confondu leur commune misère.

Et comme elle veillait tous les soirs solitaire
Dans la cour de la ferme ou sur le bord de l’eau,
Du pied du même saule et du même bouleau
Elle veille aujourd’hui sur ce monstre de pierre.

Et quand le soir viendra qui fermera le jour,
C’est elle la caduque et l’antique bergère,
Qui ramassant Paris et tout son alentour

Conduira d’un pas ferme et d’une main légère
Pour la dernière fois dans la dernière cour
Le troupeau le plus vaste à la droite du père.

La suite ….
 

 

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4 décembre 2021 6 04 /12 /décembre /2021 18:11

Un cadeau de Noël tout trouvé ! 

Une sélection de 200 traits d’esprits des grands de ce monde, illustrés avec le talent d’Hubert Van Rie. Qui n’a jamais rêvé d’avoir une répartie cinglante ? D’Aristote à Picasso en passant par Voltaire ou Marie de Médicis, chacun a droit à son mot décapant, drôle ou profond, sur des sujets aussi divers que l’amour, le pouvoir, la richesse ou la mort.

Les meilleures réparties de l’histoire : Hubert Van Rie, auteur de « Les bons mots de l'histoire », présente ses dessins à l'occasion de la sortie de son livre.

Découvrez-le en entretien avec Vincent Roux ICI

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2 décembre 2021 4 02 /12 /décembre /2021 19:59

 

Lors de cette vente-dédicace à la Mairie du 6e arrondissement de Paris, une centaine d'auteurs signent leurs oeuvres dont la variété est étonnante. Son entrée est libre.

Le programme est ICI.

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2 décembre 2021 4 02 /12 /décembre /2021 17:57

7ème Salon Russkaya Literatura

Vendredi 3, samedi 4 et dimanche 5 décembre 2021

CRSC, quai Branly, 75007 Paris

ENTRÉE LIBRE

 

L’ambition du salon Russkaya Literatura, qui se tient tous les ans à Paris, est de présenter au public français la très riche vie littéraire russe et russophone, d’hier et d’aujourd’hui, dans sa diversité géographique et stylistique en réunissant dans un même lieu des auteurs, des traducteurs, des éditeurs et des libraires, tous soucieux d’ouvrir un dialogue direct, libre et continu entre nos deux pays.

 

Cette 7ème édition du salon Russkaya Literatura rendra hommage à deux auteurs russes incontournables et résolument modernes : Fiodor Dostoïevski et Edouard Limonov.

Fiodor Dovstoïevski aurait eu 200 ans aujourd’hui. Son oeuvre n’a pris aucune ride tout comme celle d’Edouard Limonov , dissident à la plume aiguisée, décédé en mars 2020, qui a su écrire la fin du 20è siècle et le début du 21è avec une grande lucidité et parfois beaucoup de cynisme. Pour rendre hommage au premier, une table ronde se tiendra le samedi soir avec le professeur Michel Niqueux, auteur du Dictionnaire Dostoïevski, et Pierre Lamblé, qui a signé La métaphysique de l’histoire de Dostoïevski.

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17 novembre 2021 3 17 /11 /novembre /2021 09:46

 

Le tome 2, après ... le tome 1

Hitchcock en BD

Un extrait

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 12:04

Reçu d'EVR que nous remercions.

 

Nous sommes dans la saison des prix littéraires : Fémina le 25 octobre, Roman de l’Académie Française, le 28 octobre, Goncourt et Renaudot, le 3 novembre. Ce « folklore » mercantile peut agacer certains mais il n’en reste pas moins une belle occasion de faire la promotion de la littérature. Cette littérature, « ce  royaume de la vie intérieure » qui « éduque les sensibilités », nous « préserve des idéologies ». C’est cette importance de la littérature que nous désirons vous faire partager avec les textes ci-dessous.

 

  • En temps ordinaire, il y a deux antidotes à la disparition du particulier dans le général: la littérature et le droit. L'attention aux différences et le refus de penser par masses, qui caractérisent l'approche littéraire de l'existence, nous préservent de l'idéologie. En période révolutionnaire, cette humanité et cette perspicacité sont balayées par le déferlement d'une pitié impitoyable et, la fièvre n'épargnant aucune institution, des lois votées précipitamment mettent la justice pénale au service de la justice populaire. (Le philosophe, Alain Finkielkraut, de l’Académie Française dans son essai L’après littérature (Edition Stock, 2021, 228 p))
  • La littérature a cessé d'éduquer les sensibilités, de façonner les âmes. Elle n'est plus un moyen de connaissance. La littérature, c'est le rappel que le concept n'a pas le monopole de la pensée, c'est l'admirable tremblement du sens, c'est l'exploration inlassable de la pluralité humaine, c'est le refus de sacrifier les différences sur l'autel de l'abstraction, c'est la lutte avec l'angélisme simplificateur, c'est le caillou dans la chaussure de  l'esprit de système. Alors que l'idéologie dépeuple impitoyablement le monde, en le réduisant à l'affrontement de deux forces - hier les bourgeois et les prolétaires, aujourd'hui les dominants et les domin.é.e.s -, la littérature ne laisse pas les idées engloutir les personnes. La littérature, comme le dit Vassili Grossman, dans Vie et Destin, c'est Tchekhov, et les innombrables protagonistes de ses histoires contre le manichéisme historique de Lénine. Lénine n'est plus. Mais, avec le nouveau féminisme et le nouvel antiracisme, l'idéologie triomphe partout. Tchekhov s'éloigne. (Alain Finkielkraut, dans Le Figaro du 9 septembre 2021)
  • Au-delà de l'appartenance française, tout écrivain cherche l'universel, un universel qu'il n'atteint (contrairement à la philosophie) que par le concret, le singulier, donc, pour un écrivain français, par les paysages de France, la vie française telle qu'elle se vit aujourd'hui. Je ne saurais dire si, à travers les siècles, il existe une unité en dehors de la langue. Peut-être un goût pour la comédie sociale, que l'on retrouve de Molière à Balzac, de Rabelais à Flaubert, et même chez des poètes comme Du Bellay ou Baudelaire. Le sens de la vacherie, de l'ironie; la tension entre Paris et la province ; le jeu de la passion et de la raison.(...)
  • La littérature, c'est le royaume de la vie intérieure. Même si nous sommes tous pris dans une roue collective (la politique), nous sommes, au fond, tous seuls. Ce qui compte, pour nous, ce sont nos émotions, nos idées, nos visions, nos angoisses. La littérature, plus qu'aucun art, exprime et analyse la vie invisible, cachée derrière chaque personne (l'âme). Les sciences humaines étudient l'être humain comme un objet; les séries le divertissent : la littérature nous donne la conscience de ce qu'on vit; sans elle, nous vivons dans un monde plus vague. Un homme qui a cinq cents mots à sa disposition ne vit pas dans le même monde que celui qui en a cinq mille. Un homme qui n'a lu que trois livres n'a pas la même conscience de l'existence que celui qui en a lu trois mille et a vécu dans l'intimité de milliers de personnages. On peut vivre sans littérature, comme on peut vivre sans musique, sans beauté, sans désir. Mais c'est plus flou, moins vif. Et moins bien, je crois. (Patrice Jean dans Le Figaro des 31/07 et  1/08/2021. Le dernier roman de Patrice Jean, La Poursuite de l’idéal, est sorti en 2021 chez Gallimard,) 
  • La littérature qui n'est pas de consommation commerciale, la littérature à son plus haut étage, la poésie, depuis Homère jusqu'à Proust, en passant par Vigny, Hugo, Verlaine, Apollinaire, partage avec la religion la tâche de réveiller les âmes de l'illusion et du mensonge. Dans L'Iliade, Achille, qui vient de tuer Hector, voit venir à lui le père d'Hector, Priam, ce qui lui rappelle son propre père et l'anxiété pour son fils dont le sort au loin le tourmente. Le féroce guerrier grec s'éveille en larmes de son rêve de victoire et se souvient avec les auditeurs de L'Iliade de leur propre et commune mortalité. (…)
  • J'avoue qu'en bon Français je me suis souvent et secrètement désolé de ne pas pouvoir compter dans notre longue histoire littéraire des génies de l'envergure de Dante, de Shakespeare, de Tolstoï. J'ai fini par me rassurer en découvrant que ces génies gigantesques font parfois le vide autour d'eux, alors que, depuis le Roman de la Rose, chaque génération française peut se féliciter de compter plusieurs auteurs de premier ordre, dont le rayonnement se déploie et se nourrit dans la continuité ininterrompue, entre conversation et correspondance, de nombreux très honnêtes gens, lecteurs de Montaigne et de François de Sales par exemple... Au lieu de se contracter, la civilisation en France s'est dilatée à partir et autour de grands ou très grands talents et de leurs livres. (Marc Fumaroli (1932-2020) de l’Académie Française, dans Le Figaro du 11 mars 2019)

 

 

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3 novembre 2021 3 03 /11 /novembre /2021 12:07

BERNANOS, LE PARATONNERRE DU XXE SIÈCLE 


C’est un événement de l’automne : François Angelier publie une riche biographie de Georges Bernanos. L’auteur illuminé de Sous le Soleil de Satan parle-t-il encore aux hommes de 2021 ? Pour L’Inco, le producteur de « Mauvais genres » passe de l’autre côté du micro. Entretien.
Par Bernard Quiriny. Publié le 25 octobre 2021

© DR


Comment vous êtes-vous lancé dans cette biographie ?

C’est une commande du Seuil. Après mon petit volume sur Léon Bloy, La Fureur du juste (titre français d’une série B de karaté avec Chuck Norris, ce que j’ignorais et qui me réjouit), la proposition est venue d’un parent de Bernanos. Rapidement la demande est passée d’un titre poche à un ouvrage grand format. J’ai accepté, on ne refuse pas pareille offre.

Comment avez-vous découvert Bernanos, comme lecteur ?

Mon parcours de lecteur m’a mené, sans reniement des étapes antérieures, de la littérature fantastique (Jean Ray, Lovecraft) aux surréalistes hérétiques (Artaud, Bataille, Le Grand Jeu) puis à la mystique (Jean de la Croix avant tout). C’est parallèlement à ces lectures spirituelles que j’ai découvert ce que l’on labellise depuis un siècle sous l’appellation « Le renouveau catholique en littérature », d’abord Huysmans et Claudel, puis Bloy et Hello. La lecture de Bernanos s’est inscrite dans ce parcours, chocs puissants de Journal d’un curé de campagne et de La France contre les robots.

Les travaux sur Bernanos sont nombreux, y compris les biographies

La tradition critique bernanosienne est vaste et riche, on dispose d’un matériau considérable. Côté biographie, j’ai surtout travaillé à partir de Milner, Bothorel et des mémoires de son fils Jean-Loup Bernanos, mine irremplaçable, avec les souvenirs brésiliens du docteur Bénier. Mais le but pour moi était de suivre, mot à mot, texte après texte, l’aventure intérieure de Bernanos avec sa langue, le français. J’ai donc privilégié sa passion d’écrivain en proie à sa mission de rédempteur du verbe national, plutôt que sa vie intime et familiale sur laquelle on est, en réalité, peu informé. [...]

La suite ...

Pour commander : Georges Bernanos. La colère et la grâce

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30 octobre 2021 6 30 /10 /octobre /2021 17:27

Le rapport Sauvé sur « les violences sexuelles dans l’église catholique » a créé un électrochoc médiatique plongeant de nombreux catholiques dans une énorme morosité devant l’horreur des crimes commis par des prêtres.

A deux jours de la Toussaint, quittons ce désenchantement qui nous pousse au découragement et rappelons-nous toutes les merveilles que l’Eglise a produites.

Avec ce texte extrait du livre du professeur de philosophie à l’université de Nantes, Denis Moreau, Comment peut-on être catholique ? (Seuil, 2018, 349 p), joyeuse fête de la Toussaint !

 

On ne peut donner tort à ceux qui mettent en avant ce qu'il y eut de triste, sale, violent, fautif, dans l'histoire de l'Église. Mais n'oublions pas ce qui se trouve dans l'autre plateau de la balance. (…), Je rêve d'une Marche des fiertés catholiques – une catho-pride, donc – où nous porterions haut des bannières soulignant ce que le christianisme, notamment dans sa  version catholique, a apporté de positif au monde. Par exemple, (…) : le Sermon sur la montagne (Mt, 5, 7), la parabole du bon Samaritain (Lc, 10, 25-37), celle du fils prodigue (Lc, 15), l'éloge de l'amour de la Première Lettre aux Corinthiens, le mont Saint-Michel, les mosaïques de Ravenne, de Monreale, de Venise, de Santa Prassede, les églises romanes, les cathédrales gothiques et la Rome baroque, les primitifs italiens, Fra Angelico, la chapelle Sixtine et la Pietà de Michel-Ange, le Bernin, Borromini, Georges Rouault, le chant grégorien, Palestrina, Bach, Mozart et les chansons où Didier Wampas parle de Dieu, Dante, Racine, Péguy, Bernanos, les rosaces des cathédrales, les vitraux de la Sainte-Chapelle et ceux de Bazaine à Saint-Séverin, et toute cette architecture, et toute cette littérature, et toute cette peinture, et toute cette sculpture, et toute cette musique, l'extraordinaire richesse de l'art chrétien ; les hôtels-Dieu et les services de soins dont l'Assistance publique ne prit que tardivement le relais, tout cet engagement continu et multiforme dans le domaine de la santé ; les universités, les écoles, tout cet engagement continu et multiforme dans le domaine de l'éducation, des plus petits aux plus savants ; les moines et les moniales qui ont en grande partie défriché et aménagé l'Europe, tous les manuscrits qu'ils ont recopiés, tout le savoir qu'ils ont recueilli, transmis, créé aussi, la mise au point des procédures de vote démocratique dans les abbayes ; la règle de saint Benoît, extraordinaire guide pratique pour quiconque doit exercer une quelconque autorité sur ses semblables ;les Pères de l'Église, Augustin, Anselme, Thomas d'Aquin et la scolastique, Descartes, Malebranche, Pascal et tout ce colossal patrimoine intellectuel en général et philosophique en particulier ; Noël, jour de paix universelle ;François d'Assise et les saints ; en 1537, la bulle Sublimus Deus du pape Paul III dans laquelle il dénonçait comme une œuvre du diable et interdisait l'esclavage non seulement des Indiens d'Amérique, mais aussi des « autres peuples qui peuvent être plus tard découverts » (et les puissants de l'époque, une fois encore, n'obéirent pas au pape, ce qui est en l'occurrence vraiment regrettable) ; l'invention du mariage par libre consentement mutuel ; l'accompagnement et l'aide apportés, notamment par les sacrements, à d'innombrables personnes aux moments importants de leur vie (baptême, mariage, deuils) et cette foule de prêtres formidables (j'en connais plein !) qui ont, au sens fort de l'expression, tout donné pour leurs frères ; l'attention portée aux plus faibles, et à la vie humaine dans ce qu'elle a de plus fragile, de ses commencements à sa fin, aux handicapés, aux SDF, à tous ceux que le monde rejette et broie parce qu'il est, lui, fasciné par la force et la réussite ; les grands charitables, Vincent de Paul, Mère Teresa et, pour s'en tenir à quelques hautes figures françaises du XXe siècle, Madeleine Delbrêl, sœur Emmanuelle, Joseph Wresinski, Jean Vanier et bien sûr l'abbé Pierre, et l'énergie, et le temps et l'argent consacrés quotidiennement, par des millions de catholiques anonymes, à accomplir les « œuvres de miséricorde » prônées par leur ressuscité (Mt, 25) : donner à manger aux affamés et à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers ; l'idée d'une séparation des pouvoirs spirituel et temporel (Mc, 12,13-17) ; là où les sagesses grecques réservaient le salut à une petite élite d'initiés, où la société antique clivait le monde entre esclaves et hommes libres, l'idée que tous les êtres humains sont égaux et que le salut est offert à tous, sans distinction de sexe de race, de condition sociale (Ga, 3, 28 ; 1 Tm, 2, 4) ; un effort de plusieurs siècles contre la montée des nationalismes européens puis en faveur de la réconciliation des peuples après 1945, et en particulier les nombreux catholiques qui œuvrèrent aux commencements de la construction européenne (Jean Monnet, Robert Schuman, Alcide de Gasperi, Konrad Adenauer) ;dans la seconde moitié du XXe siècle, l'opposition aux régimes totalitaires dans un certain nombre de pays (de la Pologne au Salvador) et le rôle de Jean-Paul II dans la chute du communisme ; et, tant qu'on y est, pour les gens de ma génération Jean-Paul II, tout simplement ;sous nos cieux, ici et maintenant, l'engagement associatif massif des catholiques dans les œuvres de solidarité, confessionnelles ou non (toutes les mairies et les centres communaux d'action sociale de France le savent) et, ailleurs, l'investissement de tant de catholiques dans des lieux de misère absolue (bidonvilles, mouroirs de Calcutta, chiffonniers du Caire, lutte contre le sida en Afrique) ;tous ces responsables politiques dévoués au bien commun et dont la vocation est née dans les différents mouvements d'action catholique ; une vision de la mondialisation délivrée des impératifs du profit et de la puissance ; l'activité diplomatique intense et continue du Vatican au service de la paix ; en France depuis 2015, à l' instigation du pape François qui demanda à chaque paroisse de s'occuper d'une famille de migrants, la formidable, et discrète, action des catholiques pour l'accueil des réfugiés arrivant dans leur pays. Et je pourrais continuer longtemps ainsi. Quand même : ce n'est pas rien, tout cela. (…) Il resterait à comprendre pourquoi l'Église est si souvent et si massivement accusée : parce qu'elle est davantage coupable que d'autres institutions ? (…) Parce qu'on attend (à raison) beaucoup d'elle ?  

extrait de Comment peut-on être catholique ? de Denis Moreau 

Merci à EVR !

Et un entretien avec l'auteur sur Aleteia ICI

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28 octobre 2021 4 28 /10 /octobre /2021 08:18
La société de surveillance, stade ultime du libéralisme de Guillaume Travers

La société de surveillance, stade ultime du libéralisme de Guillaume Travers

Rédaction NDFPosté par Rédaction NDF  

Cet essai au titre provocateur (calqué sur le fameux pamphlet de Lénine : « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme ») cherche à comprendre un paradoxe.

Comment se fait-il que la société ouverte que nous avons connue promeuve la société de surveillance que nous voyons naître sous nos yeux ? Selon l’auteur, cette dernière est l’aboutissement logique de la « liberté des modernes ».

Alors que, traditionnellement, les libertés ne s’entendaient que concrètement (tel droit pour telle catégorie de personnes dans telle situation), nous sommes entrés avec la modernité dans l’ère de la liberté abstraite.

Et, pour défendre cette liberté abstraite, nous acceptons la suppression de nos libertés concrètes !

Acheter le livre chez notre partenaire Les 4 Vérités.
Paru dans les 4 Vérités hebdo

 

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15 octobre 2021 5 15 /10 /octobre /2021 17:36

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9 octobre 2021 6 09 /10 /octobre /2021 23:02

   

par Maryvonne Gasse

mercredi 6 octobre 2021

 

Sainte Élisabeth de Hongrie soignant les malades, par Pierre-Auguste Cot, vers 1883, musée des Beaux-Arts de Béziers.

© Vincent de Groot – CC by-sa

Faisant la part entre légende et vérité, Dominique Sabourdin-Perrin brosse un saisissant portrait de sainte Élisabeth de Hongrie (1207-1231), par son héroïcité dans l’adversité et son audace dans la charité.

Faisant la part entre légende et vérité, Dominique Sabourdin-Perrin brosse un saisissant portrait de sainte Élisabeth de Hongrie (1207-1231), par son héroïcité dans l’adversité et son audace dans la charité. De lignée prestigieuse, sainte Élisabeth de Hongrie compte plusieurs saints parmi ses aïeux dont saint Étienne, fondateur de la Hongrie et une tante, sainte Edwige, duchesse de Silésie. Mais ce qui fait d’Élisabeth une des figures féminines éminentes du Moyen Âge, c’est l’éclat de sa propre sainteté, tant dans son amour conjugal que dans sa vie caritative.

Six années de bonheur

Mariée à l’âge de 14 ans à Louis IV de Thuringe, le couple vit six années de bonheur au cours desquelles ils auront trois enfants. «  Son mariage fut profondément heureux. Élisabeth aidait son mari à élever ses qualités humaines à un niveau surnaturel, et lui, en échange, protégeait sa femme dans sa générosité envers les pauvres et dans ses pratiques religieuses  », atteste Benoît XVI, lors d’une audience générale citée dans le présent opus.

Mais, dès le temps de ses fiançailles, sa religiosité indispose son entourage. «  C’est à travers son habillement et son comportement que, dès l’adolescence, la princesse manifeste ostensiblement son désir de plaire à Dieu, multipliant les actes de mortification, soulevant critiques et polémiques  », note l’auteur. Douée d’un caractère vif et d’une foi ardente, elle résiste à Sophie de Bavière, sa future belle-mère et à quelques nobles qui la verraient mieux au couvent qu’à la cour, au point d’envisager la rupture de ses fiançailles. C’est sans compter sur Louis dont le cœur est épris : «  Laisse parler les gens. Je dis que je l’aime et que je ne possède rien en ce monde qui me soit plus cher  », répond-il à l’échanson qui l’a averti de la situation.

Veuve à 20 ans

Intrépide dans la charité, Élisabeth déborde de générosité et casse les codes. En l’absence de Louis, alors qu’elle est enceinte, ne laisse-t-elle pas le lit conjugal à un lépreux, au désespoir de Sophie de Bavière ? Mais Louis prend encore son parti, ayant reçu la grâce d’une vision intérieure où le Christ en croix reposerait dans le lit. Engagé dans la sixième croisade, le landgrave meurt en septembre 1227, laissant la jeune veuve dévastée de chagrin, attendant son troisième enfant. Il avait 24 ans, elle en a 20.

Au lieu de trouver du réconfort dans sa belle-famille, elle se voit empêchée de poursuivre ses œuvres caritatives. «  Le conseil de famille, gardien de la dynastie, ne souhaite plus qu’elle continue à mener la vie autorisée par Louis et lui supprime la libre disposition des revenus de ses domaines, au prétexte qu’elle dilapide l’argent et ruine le landgraviat de Thuringe  », résume l’auteur.

Sœur de la Pénitence

Résolue à obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, Élisabeth s’enfuit dans le plus grand dénuement. Sans ressources, elle confie son fils à un oncle et ses filles à des religieuses. Pour survivre, elle file la laine, fidèle à la prière : «  Jésus lui apparaissait face à face et la réconfortait en compagnie d’une multitude de saints », selon les témoins de ses extases. Les rumeurs sur sa situation remontent jusqu’à Grégoire IX qui l’assure de son soutien, ce qui lui permet de rentrer en possession de sa dot et d’engager la construction d’un hôpital. Sous la robe grise des Sœurs de la Pénitence, elle va se donner sans compter auprès des malades, des mourants, des indigents. Consumée d’amour, elle meurt à 24 ans.

— 

Élisabeth de Hongrie. Princesse de la charité, par Dominique Sabourdin-Perrin, éd. Salvator, 2021, 185 p., 20 €.

 

 

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22 septembre 2021 3 22 /09 /septembre /2021 11:05
Éoliennes - La face noire de la transition écologique, de Fabien Bouglé

Le développement des éoliennes - sur terre ou en mer - est en réalité au cœur de la politique mondiale de la transition écologique, et de la transition énergétique, qui constitue aujourd'hui la boussole de nos dirigeants.

 

Nos dirigeants (il s'agit des dirigeants français) doivent-ils maintenir le cap? La réponse est non. Fabien Bouglé le démontre, faits et documents à l'appui, dans Éoliennes.

 

LES QUATRE ÉLÉMENTS PRINCIPAUX D'UNE ÉOLIENNE

 

Une éolienne est composée de quatre éléments principaux:

. la nacelle: pour les aimants et les rouages qui la constituent, elle nécessite l'utilisation de quantité de terres rares;

. les pales de cinquante à cent mètres de longueur: en fibre de carbone;

. le mât de cent à cent cinquante mètres de hauteur: en acier ou en béton;

. le socle: en béton armé.

 

DES MATIÈRES POLLUANTES ET NON RECYCLABLES

 

L'extraction des terres rares, dont la Chine a le quasi-monopole, nécessite beaucoup d'énergie, d'eau et de produits chimiques, avec pour conséquences:

. la destruction des terres;

. la pollution des eaux;

. la production de déchets radioactifs;

. le rejet de métaux lourds.

La fibre de carbone des pales, coûteuse en énergie, est difficilement recyclable, or une éolienne n'a une durée de vie que de vingt à vingt-cinq ans...

Il en est de même pour les socles en béton armé qui, eux, resteront définitivement enterrés dans le sol après démantèlement.

 

LE BILAN CARBONE D'UNE ÉOLIENNE

 

Alors que nos dirigeants justifient le déploiement d'éoliennes par la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, dont le CO2 est le plus important, leur construction et leur implantation génèrent beaucoup d'émissions de CO2.

Leur exploitation en génère davantage du fait de l'intermittence de leur fonctionnement (22% du temps en France): quand il vente trop ou quand il ne vente pas du tout, elles sont à l'arrêt et doivent être couplées à des centrales thermiques au charbon, au gaz ou au fioul.

Pour la production d'un kWh, les émissions de COdes éoliennes sont entre 80 et 180 fois plus importantes, suivant le fossile utilisé, que celles des centrales nucléaires1 ou des centrales hydroélectriques. 

Sans compter que les éoliennes contribuent au réchauffement du sol

 

LES EFFETS "INDÉSIRABLES" SUR LES HOMMES ET LES ANIMAUX

 

Les éoliennes émettent des infrasons:

Les infrasons, ondes sonores de basses fréquences, restent en effet imperceptibles à l'oreille humaine mais constituent une gêne pour les hommes et les animaux, en particulier dans le cas d'une exposition prolongée, à tel point que certains États ont étudié ou étudient encore aujourd'hui leur utilisation comme arme de guerre offensive.

 

Le mot gêne est d'ailleurs un euphémisme. En différents pays, il a été observé, à proximité des éoliennes:

. des troubles du sommeil et une dégradation de la santé chez les hommes;

. une détérioration de la santé chez les animaux, pouvant aller, chez les vaches, jusqu'à la réduction de la qualité du lait et une surmortalité...

Le massacre des oiseaux par les pales des éoliennes, implantées aussi bien sur terre qu'en mer, a également été observé, de même que celui des chauves-souris dont le système de sonar à ultra-son ne permet pas de les détecter.

Enfin, pour ce qui concerne les éoliennes implantées en mer, les systèmes anticorrosion des supports jacket immergés servant à tenir les mâts éoliens émettent une forte quantité d'oxyde d'aluminium dans la mer. Cette pollution métallique contamine tout le monde marin et jusqu'aux hommes quand ils consomment des poissons

 

CIRCULEZ, IL N'Y A RIEN À DIRE NI À VOIR

 

Quand des riverains d'éoliennes se plaignent ou quand nos dirigeants font interroger les populations proches avant d'implanter des éoliennes, il n'est pas tenu compte de leurs doléances ou de leurs avis (qui sont largement négatifs, en contradiction avec les sondages commandités par les promoteurs éoliens...).

Pourquoi un tel mépris de ces populations? Parce que les éoliennes constituent un écolo-business juteux, opéré grâce à un transfert de l'argent des contribuables et des consommateurs vers les comptes des compagnies éoliennes sous la forme d'exonération d'impôts, subventions européennes, tarifs subventionnés, émission de certificats carbones etc...

Ce n'est pas tout. Non seulement cet écolo-business ne crée pas d'emplois mais il en détruit, notamment dans le domaine du tourisme car personne, ou presque, n'a envie de passer des vacances avec vue sur des éoliennes...

Ce n'est pas tout. Si les populations ne profitent pas de l'écolo-business des éoliennes et, au contraire, n'en sont pas les victimes consentantes, tout cet argent, qui se compte en dizaines de milliards d'euros n'est pas perdu pour tout le monde.

Les profiteurs, Fabien Bouglé les désigne nommément et apporte les preuves de ce qu'il avance, ce sont les promoteurs éoliens mais aussi tous ceux qui entretiennent des liaisons dangereuses avec eux:

- le parti EELV (Europe Écologie les Verts), via un de ses membres éminent, qui est, en même temps, un promoteur éolien;

- les ONG Greenpeace et WWF (World Wide Fund), sous forme de contributions réciproques;

- des hommes politiques locaux sous forme de prises illégales d'intérêt. 

L'auteur évoque même l'ombre de la mafia italienne, toujours à la pointe des nouvelles technologies qui sont pour elle une opportunité de développement...

 

CONCLUSION

Présentées comme des moyens de sauver le climat, les éoliennes sont un scandale écologique et financier mondial.

[...]

À travers le monde, on commence à prendre conscience que les éoliennes constituent des bombes à retardement écologiques et sanitaires.

Non seulement il ne faut plus construire de nouvelles éoliennes, mais il faut démanteler celles qui existent.

 

Francis Richard

 

1 - Selon Gérard Mourou, prix Nobel de Physique 2018, les déchets des centrales nucléaires pourraient être traités par des lasers ultra-puissants.

 

Éoliennes - La face noire de la transition écologique, de Fabien Bouglé,

240 pages, Éditions du Rocher

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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10 septembre 2021 5 10 /09 /septembre /2021 12:14

 

Un cadeau inattendu publié ce printemps dernier : Petites choses formidables, du formidable Chesterton (Desclée de Brouwer). Inattendue, encore, la quatrième de couverture : il y est dit à la fois que c’est « l’un des recueils d’essais les plus célèbres » de l’auteur et que « ces essais (sont restés) inédits en France pendant plus d’un siècle ». Les Français dédaigneraient-ils Chesterton, peut-être d’un humour trop anglais, d’un catholicisme trop affirmé, d’une indépendance trop préservée ? Pour preuve ce jugement célèbre : «  est divisé entre Conservateurs et Progressistes. L’affaire des Progressistes est de continuer à commettre des erreurs. L’affaire des Conservateurs est d’éviter que ces erreurs ne soient corrigées. »

En tout cas, si la première traduction est publiée en 2018, en 2021, le traducteur Hubert Darbon nous offre, aux Éditions Artège, un petit ouvrage titré Le monde selon Chesterton où il a traduit une compilation de pensées, choisies par lui et offertes mois par mois, au fil des jours. Deuxième élément du cadeau et non le moindre.

Les Petites choses formidables sont, de l’aveu même de l’auteur dans sa préface, des feuilles volantes écrites au fil du temps, sans intention déterminée, « une sorte de journal sporadique » – l’on veut bien le croire – où il nous invite à apprendre à regarder autour de nous les objets apparemment les plus communs, les faits surprenants que nous croisons. « Soyons des athlètes oculaires », vaste programme que nous entamerons en le lisant, en le suivant avec une curiosité toujours éveillée, rarement comblée, mais tendue justement par cette insatisfaction : il ne se passe rien, le contraire du  même de la nouvelle qui suppose un fait saillant, narré.

Sur un site scolaire, nous lisons : « On associe certaines caractéristiques à la nouvelle littéraire : 1. Elle est brève. 2. Elle renferme des éléments vraisemblables (lieux, personnages, objets et événements dont l’existence est probable). 3. L’intrigue repose principalement sur l’évolution psychologique du personnage principal. 4. La finale réussit à provoquer une réaction chez le lecteur en raison de sa nature mystérieuse, surprenante ou inattendue. »

C’est un peu sommaire, mais définit bien ce que nous attendons généralement d’une nouvelle. Or, Chesterton transgresse constamment certains éléments de cette définition. Il respecte la brièveté, respecte de loin la vraisemblance, se joue de l’évolution psychologique et le plus souvent de la surprise finale.

Il nous promène de la place de la Bastille, qui lui permet de méditer sur les symboles et les rites, pour finir sur le « sens de la  des Français », jusqu’à son lit, recommandant de rester au lit sans aucune raison, ni devoir, ni maladie, seule condition pour garder la santé. Plus sérieusement en apparence, une convocation pour faire partie d’un jury au tribunal et la méditation qui s’ensuit. Sa  et illustration des contes de fées mérite réflexion en notre temps où toute tradition est ébranlée. Parlons voyages ? Il est fréquemment question de déplacements, mais leur explication n’est révélée que tard : il part en voyage pour revenir à son lieu de vie avec un œil neuf, il quitte l’Angleterre pour trouver l’Angleterre. Ce qui n’empêche pas des pages réjouissantes sur les lieux visités, et je recommande Belfort.

Il reste peu de place pour évoquer le recueil d’aphorismes tirés de différents ouvrages de Chesterton. Chacun aura ses choix, ses préférences selon le jour et l’humeur, mais citer certains de mes préférés est une irrésistible démangeaison, en rapport avec notre temps, bien sûr !

« J’ai connu maintes églises, chapelles et salles de réunion où se mêlaient la fierté d’avoir dépassé les croyances et l’incapacité totale à dépasser les slogans » (p. 19). « Pour reconnaître une démocratie, il faut regarder, non si le peuple vote, mais si c’est lui qui règne » (p. 50). « Le culte de la Nature produit inévitablement des choses contre-nature » (p. 84). « Pour savoir si une  est bonne, il suffit de savoir si l’on peut plaisanter à son propos » (p. 91). « L’art est limitation ; l’essence de toute image est son cadre » (p. 116). « De toutes les religions horribles, la plus horrible est le culte du dieu intérieur » (p. 133). « Un enseignant qui n’est pas dogmatique est simplement un enseignant qui n’enseigne pas » (p. 140).

À vous le dé : faites vos choix !

Olga Le Roux sur Boulevard Voltaire

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8 septembre 2021 3 08 /09 /septembre /2021 10:18

Toute ressemblance avec une situation actuelle serait purement fortuite.

LE LOUP ET LE CHIEN

Un Loup n’avait que les os et la peau ;

Tant les Chiens faisaient bonne garde.

Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,

Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.

L’attaquer, le mettre en quartiers,

Sire Loup l’eût fait volontiers.

Mais il fallait livrer bataille

Et le Mâtin était de taille

A se défendre hardiment.

Le Loup donc l’aborde humblement,

Entre en propos, et lui fait compliment

Sur son embonpoint, qu’il admire.

Il ne tiendra qu’à vous, beau sire,

D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.

Quittez les bois, vous ferez bien :

Vos pareils y sont misérables,

Cancres, haires, et pauvres diables,

Dont la condition est de mourir de faim.

Car quoi ? Rien d’assuré, point de franche lippée.

Tout à la pointe de l’épée.

Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin.

Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?

Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gens

Portants bâtons, et mendiants ;

Flatter ceux du logis, à son maître complaire ;

Moyennant quoi votre salaire

Sera force reliefs de toutes les façons :

Os de poulets, os de pigeons,

……..Sans parler de mainte caresse.

Le loup déjà se forge une félicité

Qui le fait pleurer de tendresse.

Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé :

Qu’est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? rien ? Peu de chose.

Mais encor ? Le collier dont je suis attaché

De ce que vous voyez est peut-être la cause.

Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas

Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu’importe ?

Il importe si bien, que de tous vos repas

Je ne veux en aucune sorte,

Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.

Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.

 

Lu sur la page Avec Jean de La Fontaine à laquelle on peut s'abonner.

 
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31 août 2021 2 31 /08 /août /2021 10:13

 

Le père Jean-Christophe Thibaut, prêtre du diocèse de Metz, pratique le ministère de délivrance depuis vingt ans et se consacre depuis de nombreuses années à l’étude des phénomènes ésotériques et des thérapies alternatives. Il vient de consacrer un ouvrage à la sophrologie.

Méthode universelle pour affronter les maux de notre époque (gestion du stress et des émotions, préparation mentale, gestion des phobies ou des addictions…), les sportifs de haut niveau, ou même le GIGN ont adoptée la sophrologie. Au-delà du monde médical, ses applications ont pénétré le monde de l’entreprise, et jusqu’aux écoles où des enfants se voient proposer des séances dès la sixième !

Si la proposition est séduisante, est-elle pour autant réellement bénéfique, voire inoffensive ? Pour l’évaluer, le père Thibaut nous emmène aux origines de la sophrologie et nous plonge au coeur des principes qui la gouvernent. Cette technique de modification des états de conscience est loin d’être anodine. L’auteur nous permet de mesurer ici le véritable chemin spirituel qu’emprunte la sophrologie pour évaluer l’usage et les précautions à prendre si l’on souhaite y recourir.

Sur un plan chrétien, on ne peut affirmer qu’il existe un type de sophrologie qui soit meilleur que les autres, mais certaines “pseudo-sophrologies” sont absolument à éviter lorsqu’elles reposent sur des théories ésotériques ou magiques. Pour les identifier, il suffit simplement de repérer sur les sites ou les ouvrages qui leur sont consacrés le type de langage employé.

Petrus Angel en a déjà parlé ICI : Sophrologie

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14 août 2021 6 14 /08 /août /2021 18:29
 
 

Le Club des Ronchons, présidé par Alain Paucard, vient de publier un recueil d’une trentaine de nouvelles consacrées à l’idéologie végan… Le véganisme, dit également végétalisme, est un mode de vie qui consiste à ne consommer aucun produit d’origine animale. Au-delà de l’adoption d’une pratique alimentaire végétalienne (qui exclut les produits alimentaires d’origine animale comme la viande, le poisson, les insectes, les produits laitiers, les œufs et le miel), le véganisme exclut également la consommation de tout autre produit issu des animaux, de leur exploitation ou testé sur eux (cuir, fourrure, laine, soie, cire d’abeille…).

L’ouvrage, qui se veut une plongée dans le monde absurde des végans, rappelle néanmoins un végétarien célèbre en la personne d’Adolf Hitler, contrairement à Napoléon au sujet duquel Jean Tulard évoque les banquets. Les courtes nouvelles sanguinaires s’enchaînent pour notre plus grand plaisir.

Pour commander, c’est ici.

AU MENU (VEGAN ?) :

Alain PAUCARD : Le féminisme ne suffit plus; Jacques ABOUCAYA : Comment je suis devenu végan Jean BERTEAULT : Prescription de véganine; Arnaud BORDES : Délivrance; Michel BOUVIER : Le bœuf clandestin; François CÉRÉSA : Robert le Végan; Philippe DUMAS; Jean DUTOURD : Cheval Alfred EIBEL : Vegane : à l’abordage; Charles-Henri D’ELLOY : Parigot, tête de veau ! ; Bertrand FOSSAT : El Extasio, sonnet vegan; Alain GERBER; Olivier GRIETTE : La morale, une et indivisible; Pierre GUINGAMP : J’exagère ? Philippe LACOCHE : La grosse carpe vegan qui pue la vase ;Bruno LAFOURCADE : La nouvelle arche Bernard LECONTE : Supervegan; Bernard LE SAUX : Les enfants de William Kramps ;Boris MOISSARD : Le Cu Cul Clan ;Alain PAUCARD : Fake news ;David PERINI : Le général Vegan s’en va-t-en guerre ! Jean-Jacques PÉRONI : Au nom du pâté, du figatelli et du saint-nectaire; Xavier RAUFER : Vegans, végétariens en peau de lapin (si j’ose dire…); Ivan RIOUFOL : Mangez un vegan ! Philippe de SAINT-ROBERT : Malthus, nous voilà ! Olivier SARRADE-LOUCHEUR : Le protocole de Panurge; Gérald SIBLEYRAS : Vegan en pot Trez  Jean TULARD, de l’Institut : Napoléon végan ? & Pensées ronchons.

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10 août 2021 2 10 /08 /août /2021 16:29

La Doctrine Sociale de l'Eglise

Préface du cardinal Sarah.

Illustrations de Ombeline V.

L'Eglise puise dans l'Evangile la légitimité de sa doctrine sociale. Elle y trouve aussi sa faiblesse à chaque fois que, s'en écartant, elle devient cause de scandale. Ce livre voudrait contribuer à en prémunir ceux qui s'en réclament.

On peut en savoir plus ICI

La table des matières, c'est LA

Et enfin commandez LA

Ne manquez pas de faire suivre 

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9 août 2021 1 09 /08 /août /2021 16:54
Origine, ordre et intelligence par Berthault

Guy Berthault - Sylvain Bréchet - Dominique Tassot - Lydia Jaeger - Van Bemmel Jan H. - Pierre Berthoud - Rabischong Pierre - Paul Wells - Shafique Keshavjee - Maurizio Malaguti


238 pages - EXCELSIS 2010
 
« Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » Cette question suppose l’existence de quelque chose et nous invite à réfléchir au pourquoi de ce quelque chose, c’est-à-dire à l’origine de cette réalité et au sens qu’il faut tenter de lui donner.

Cette interrogation en rejoint une autre : Que sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous? Quelle est l’origine de la destinée humaine, le sens et la finalité de l’existence ? Si quelque chose existe, quelle en est la nature ?

Une perspective humaniste et matérialiste conduit à postuler que l’ultime réalité est infinie et impersonnelle et qu’elle se définit essentiellement en termes de matière ou d’énergie. Mais à partir d’un tel présupposé, comment rendre compte de la complexité de l’univers qui ruisselle d’intelligence et du caractère unique de l’homme qui se distingue qualitativement des autres êtres vivants ?

La perspective biblique avance que l’ultime réalité est l’Être infini et personnel. C’est le point de départ d’une pensée à l’écoute des Écritures et du contenu qu’elles véhiculent. Cette perspective globale offre une réponse à la question des origines qui tient compte de l’unité et de la diversité du réel et met en lumière une conception originale de l’anthropologie, en particulier ses aspects psychologiques, sociaux et culturels.
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7 août 2021 6 07 /08 /août /2021 12:37

 

Miklós Bátori est un écrivain catholique hongrois.

Il publie en hongrois à Cologne, en 1960, Kálvária (« (route du) Calvaire » d'après l'adresse de son lycée, en français Un étrange paradis), qui décrit l'époque où, professeur à Győr, il s'enfuit avec un groupe de catholiques persécutés par le pouvoir communiste, et en 1961, A halál a szőlőskertben (littéralement : « La mort dans le vignoble »), qui évoque l'effort des chrétiens pour retrouver, sous un régime communiste hostile, la pureté de l'Église primitive. Ce dernier ouvrage, traduit et publié en français en 1965 sous le titre Le Vignoble des saints, obtient le grand prix catholique de littérature.

En 1963, son roman Les Briques raconte les derniers jours de la révolution hongroise.

L'auteur est présenté plus complètement ICI ou sur Wikipedia.

Une traduction en hongrois se trouve en ligne : A halál a szőlőskertben, Köln 1961. 

P.S. : Savez-vous quelle langue est parlée au Paradis ? Le hongrois, car on a toute l'Eternité pour l'apprendre :) 

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5 août 2021 4 05 /08 /août /2021 15:26

   Depuis son apparition dans le paysage intellectuel, la théorie de l’évolution a soulevé de multiples questions et continue de le faire. Ce n’est pas comme pour une découverte scientifique habituelle, cantonnée à un domaine de connaissances précis. En transformant la vision que l’homme avait de lui-même, en particulier de son origine, l’évolution eut ses répercussions sur tous les aspects de nos sociétés. Elle a dicté leurs grands choix aux idéologies politiques du XXe siècle ; elle a justifié le libéralisme économique aussi bien que le collectivisme, toujours actifs avec leurs excès et la déshumanisation des sociétés qui en a résulté. Les religions elles-mêmes ont dû réagir, chacune à sa façon.
   Pourtant la manière dont l’évolution est présentée, tant dans les manuels que dans les médias, est souvent lacunaire, complaisante, incompatible avec l’esprit critique propre à la méthode scientifique. Ce petit livre propose au lecteur un ample tour d’horizon balayant tout le paysage de l’évolution en dix chapitres comportant chacun dix questions précises, avec autant de réponses claires et directes, argumentées sur des faits et de nombreuses références. Bref, une synthèse documentée et, surtout, permettant de comprendre ce qui est en cause derrière les mots de la thèse évolutionniste.

   Ingénieur des Mines de Paris, ayant soutenu en Sorbonne une thèse de philosophie sur la dialectique de la science et de la Révélation (De Galilée au Père Lagrange), Dominique Tassot s’est passionné pour les rapports complexes qu’entretiennent la science et la foi. Il anime le Centre d’Études et de Prospective sur la science (CEP) dont il dirige la revue Le Cep.

Autres ouvrages du même auteur : cliquer ici.

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5 août 2021 4 05 /08 /août /2021 08:07

A PROPOS DE "L'EMPIRE DU MAIL"

 

Le mail a envahi nos vies.
Cet outil y a surgi de manière anodine comme un nouveau mode de communication et de transmission, rapide, facile, pratique, efficace. Mais comme toujours avec l’évolution de l’informatique il n’est pas qu’un moyen comme les autres, au sens habituel du monde « d’hier ». La révolution technologique est passée par là. Il y a un empire du mail. C’est tout l’intérêt du livre que Jean Grimaldi d’Esdra vient de publier[1] et à la lecture duquel je ne saurais trop vous engager.
 
À travers une analyse systématique, documentée, sans a priori, l’auteur démonte ce phénomène en le prenant dans tous ses aspects. Sa grande expérience des relations humaines en entreprise donne à son travail toute sa richesse et son épaisseur.
 
Quelles sont les caractéristiques de cet empire ? La destruction de nos repères, des barrières classiques, des paradigmes. Il chamboule tout mais nous l’utilisons sans avoir réalisé l’ampleur de la révolution qu’il constitue et sans avoir réfléchi à ses répercussions.
 
Il y a tout d’abord le volume, le nombre, et la possibilité de choisir les niveaux de diffusion qui permettent de transformer la géographie des envois et des réceptions. La communication individuelle et personnelle change d’univers, de paysage. De ce fait, elle donne des moyens, des pouvoirs nouveaux.
 
Le mail provoque l’accélération et bouleverse notre rapport au temps ; il nous inscrit dans la logique du mouvement propre à notre époque.
 
Le mail, bien qu’il soit écrit, n’est plus l’écrit au sens classique du terme tel qu’il naquit de l’imprimerie. À n’en pas douter, la révolution qu’il apporte de ce point de vue sera aussi importante que celle provoquée par Gutenberg, malgré les apparences. Le support change tout.
 
Mais le message électronique chamboule également la relation physique, orale entre les personnes. Il la refuse, la choisit, la manipule. On choisit de parler ou non. On choisit son moment… On parle en écrivant tout en se cachant derrière son écran.
 
Il remet en cause les conditions de travail en s’attaquant à la sphère privilégiée dans laquelle la réflexion s’organisait ; il perturbe la concentration. Je le vis à titre personnelle dans ma vie d’avocat, au quotidien… Il privilégie la rapidité sur la qualité ; le tout étant de répondre ou d’envoyer un message dont le contenu passe au second plan.
 
Il fait également exploser les barrières entre vie privée et vie professionnelle.
 
Il ouvre des champs nouveaux à des méthodes de management, de pression, de harcèlement, dont de nombreux contentieux prudhommaux sont l’illustration mais aussi sur le plan personnel comme par exemple dans la relation affective ou amoureuse, notamment dans les couples qui se font et se défont sous les coups de boutoir de messages dévastateurs.
 
Il génère de nouveaux phénomènes d’aliénation en même temps que d’addiction.
 
Il permet de créer des barrières là où il n’y en avait pas, après en avoir détruit d’autres.
 
Après avoir décortiqué ce phénomène sans rien laisser de côté, au prix d’un travail qui est à la fois enquête et réflexion, et qui invite l’histoire comme la philosophie et la psychologie, l’auteur nous renvoie pour finir à nous-mêmes et à notre capacité de résistance. L’empire da mail peut-il devenir l’empire du mal ? Cela ne dépend que de nous… Au fond  l’auteur nous pose la question de notre maîtrise de cet outil qui n’en est plus un. Comment résister à son emprise, à son empire ? Comment conserver notre pouvoir sur nos vies sans succomber aux pièges que la technologie tend à notre humanité ? Cela est vrai plus généralement dans notre relation à l’égard de la technique,  de l’informatique, de la robotique et de l’intelligence artificielle. Nous sommes au cœur de la réflexion à mener face à la mutation que l’informatique provoque dans les relations humaines, avec nous-mêmes, avec les autres, avec notre travail, avec le monde.
 
L’homme a rendez-vous avec lui-même en ce début de XXIe siècle. A nous de ne pas le manquer. La lecture de ce livre nous y aidera.
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