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12 novembre 2018 1 12 /11 /novembre /2018 11:15

 

Emmanuel Macron envisage d’amender la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat pour accompagner la restructuration de l’islam de France sur laquelle le chef de l’Etat planche depuis un an et demi. Annie Laurent, docteur d’État en science politique, nous explique pourquoi la laïcité à la française ne peut pas être la bonne réponse au défi de l’islam :

Contrairement à une idée répandue et aux affirmations (…) de nos élites politiques et intellectuelles, la laïcité n'est pas la bonne réponse au défi posé par l'islam et aux problèmes qu'il pose à la société française. De moins la laïcité telle qu'elle est conçue et vécue dans notre pays, car il s'agit d'un laïcisme qui s'apparente à une idéologie antireligieuse et rejette Dieu de l'espace public.(…)

Cette laïcité ne peut convenir aux musulmans dont la culture est tout entière imprégnée de la norme religieuse. Bien plus, elle est méprisable à leurs veux et est donc perçue comme un repoussoir. Pour les musulmans, la laïcité version française est une forme déguisée d'athéisme. A leurs yeux, seules les nations et les personnes qui assument leur identité religieuse sont respectables.

D'où l'indispensable nécessité de retrouver le sens authentique de la laïcité, celui-ci n'impliquant pas la séparation entre l'Etat et la religion mais la distinction des pouvoirs.

Benoît XVI en a rappelé les critères traditionnels en parlant d'unité-distinction. «La saine laïcité signifie libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique par les apports de la croyance, en maintenant la nécessaire distance, la claire distinction et l'indispensable collaboration entre les deux» (dans Ecclesia in Medio Oriente , en 2013).

Dans la gestion de l'islam en France, les dirigeants commettent de graves erreurs, d'une part en considérant l'islam seulement comme une religion alors qu'il s'agit d'un système totalisant, mêlant indistinctement le temporel et le spirituel, d'autre part, en lui appliquant des critères de fonctionnement qui lui sont étrangers.

Je retiens deux exemples de décisions erronées, et même fautives.

La création forcée d'une structure officielle, le Conseil français du culte musulman (CFCM), qui est censée représenter les musulmans, parler en leur nom et répondre de leurs actions. En procédant de la sorte, le gouvernement - dont on peut comprendre au demeurant le besoin d'avoir un interlocuteur unique et représentatif - a cru pouvoir faire naître l'équivalent d'une conférence épiscopale version islamique.

Or, l'islam sunnite, très largement majoritaire en France, ignore le concept de hiérarchie religieuse. Il en est ainsi dans tous les pays sunnites. Depuis sa création, le CFCM est d'ailleurs en proie à des divisions internes qui l'empêchent de fonctionner. De plus, beaucoup de musulmans refusent d'être représentés par cet organisme.

La création d'aumôneries musulmanes, dans l'armée, les hôpitaux et les prisons. L'islam ignorant le concept de médiation entre Dieu et l'homme, n'a ni sacerdoce ni aumônerie. Dès lors, les aumôniers se contentent de surveiller les personnes censées être musulmanes afin qu'elles appliquent fidèlement les actes du culte musulman (prière rituelle, jeûne du Ramadan, interdits alimentaires). Ils les mettent à part et ne les aident pas à connaître la culture française et à s'intégrer dans notre société.(…)

De surcroît, en matière d'immigration, la France a renoncé à sa tradition d'assimilation, concept qui concerne les personnes, au profit de l'intégration, concept qui sous-entend les communautés. Et cela a été imposé de manière subreptice. Cette évolution entraîne une juxtaposition de communautés séparées les unes des autres, ce qui est nuisible à l'unité nationale et à la paix civile.

Pendant longtemps, on a cru que l'évolution de l'islam viendrait des femmes. Que l'on se souvienne des «beurettes» émancipées qui s'habillaient à l'occidentale et travaillaient bien en classe pour acquérir leur liberté.

Or, en France les musulmanes subissent, volontairement ou sous la contrainte, les effets de la réislamisation de l'ensemble du monde islamique. D'où, par exemple, le retour massif du port du voile islamique. Celui-ci n'est pas qu'un symbole religieux mais une affirmation identitaire qui s'impose à notre société. Personnellement, je vois dans ce retour de traditions, autrefois rejetées, l'expression du rejet du modèle de société que nous proposons aux musulmans établis dans notre pays.

La question du rapport entre l'homme et la femme est d'ailleurs un élément qui alimente grandement le malentendu entre le monde islamique et les pays héritiers du christianisme où la société se féminise de plus en plus et où l'on promeut la confusion des sexes. Si l'on veut donner aux musulmans l'envie d'adhérer à nos valeurs, il est indispensable de retrouver un sain équilibre dans ce rapport. Autrement dit, il faut que les hommes soient pleinement hommes et que les femmes soient pleinement femmes.

En définitive, la solution aux problèmes posés par l'islam ne se trouve pas dans la laïcité mais dans notre conversion, collective et individuelle, aux valeurs de l'Evangile. (dans la revue Permanences de novembre 2013)

Emmanuel Macron envisage d’amender la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat pour accompagner la restructuration de l’islam de France sur laquelle le chef de l’Etat planche depuis un an et demi. Annie Laurent, docteur d’État en science politique, nous explique pourquoi la laïcité à la française ne peut pas être la bonne réponse au défi de l’islam :

Contrairement à une idée répandue et aux affirmations (…) de nos élites politiques et intellectuelles, la laïcité n'est pas la bonne réponse au défi posé par l'islam et aux problèmes qu'il pose à la société française. De moins la laïcité telle qu'elle est conçue et vécue dans notre pays, car il s'agit d'un laïcisme qui s'apparente à une idéologie antireligieuse et rejette Dieu de l'espace public.(…)

Cette laïcité ne peut convenir aux musulmans dont la culture est tout entière imprégnée de la norme religieuse. Bien plus, elle est méprisable à leurs veux et est donc perçue comme un repoussoir. Pour les musulmans, la laïcité version française est une forme déguisée d'athéisme. A leurs yeux, seules les nations et les personnes qui assument leur identité religieuse sont respectables.

D'où l'indispensable nécessité de retrouver le sens authentique de la laïcité, celui-ci n'impliquant pas la séparation entre l'Etat et la religion mais la distinction des pouvoirs.

Benoît XVI en a rappelé les critères traditionnels en parlant d'unité-distinction. «La saine laïcité signifie libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique par les apports de la croyance, en maintenant la nécessaire distance, la claire distinction et l'indispensable collaboration entre les deux» (dans Ecclesia in Medio Oriente , en 2013).

Dans la gestion de l'islam en France, les dirigeants commettent de graves erreurs, d'une part en considérant l'islam seulement comme une religion alors qu'il s'agit d'un système totalisant, mêlant indistinctement le temporel et le spirituel, d'autre part, en lui appliquant des critères de fonctionnement qui lui sont étrangers.

Je retiens deux exemples de décisions erronées, et même fautives.

La création forcée d'une structure officielle, le Conseil français du culte musulman (CFCM), qui est censée représenter les musulmans, parler en leur nom et répondre de leurs actions. En procédant de la sorte, le gouvernement - dont on peut comprendre au demeurant le besoin d'avoir un interlocuteur unique et représentatif - a cru pouvoir faire naître l'équivalent d'une conférence épiscopale version islamique.

Or, l'islam sunnite, très largement majoritaire en France, ignore le concept de hiérarchie religieuse. Il en est ainsi dans tous les pays sunnites. Depuis sa création, le CFCM est d'ailleurs en proie à des divisions internes qui l'empêchent de fonctionner. De plus, beaucoup de musulmans refusent d'être représentés par cet organisme.

La création d'aumôneries musulmanes, dans l'armée, les hôpitaux et les prisons. L'islam ignorant le concept de médiation entre Dieu et l'homme, n'a ni sacerdoce ni aumônerie. Dès lors, les aumôniers se contentent de surveiller les personnes censées être musulmanes afin qu'elles appliquent fidèlement les actes du culte musulman (prière rituelle, jeûne du Ramadan, interdits alimentaires). Ils les mettent à part et ne les aident pas à connaître la culture française et à s'intégrer dans notre société.(…)

De surcroît, en matière d'immigration, la France a renoncé à sa tradition d'assimilation, concept qui concerne les personnes, au profit de l'intégration, concept qui sous-entend les communautés. Et cela a été imposé de manière subreptice. Cette évolution entraîne une juxtaposition de communautés séparées les unes des autres, ce qui est nuisible à l'unité nationale et à la paix civile.

Pendant longtemps, on a cru que l'évolution de l'islam viendrait des femmes. Que l'on se souvienne des «beurettes» émancipées qui s'habillaient à l'occidentale et travaillaient bien en classe pour acquérir leur liberté.

Or, en France les musulmanes subissent, volontairement ou sous la contrainte, les effets de la réislamisation de l'ensemble du monde islamique. D'où, par exemple, le retour massif du port du voile islamique. Celui-ci n'est pas qu'un symbole religieux mais une affirmation identitaire qui s'impose à notre société. Personnellement, je vois dans ce retour de traditions, autrefois rejetées, l'expression du rejet du modèle de société que nous proposons aux musulmans établis dans notre pays.

La question du rapport entre l'homme et la femme est d'ailleurs un élément qui alimente grandement le malentendu entre le monde islamique et les pays héritiers du christianisme où la société se féminise de plus en plus et où l'on promeut la confusion des sexes. Si l'on veut donner aux musulmans l'envie d'adhérer à nos valeurs, il est indispensable de retrouver un sain équilibre dans ce rapport. Autrement dit, il faut que les hommes soient pleinement hommes et que les femmes soient pleinement femmes.

En définitive, la solution aux problèmes posés par l'islam ne se trouve pas dans la laïcité mais dans notre conversion, collective et individuelle, aux valeurs de l’Évangile.

 

Lu dans la revue Permanences de novembre 2013

 

 

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