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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 08:52

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Michel de Jaeghere - Directeur de la rédaction du Figaro Hors-série

  « Ce que nous avons fait, c’est plus qu’on ne pouvait demander à des hommes… » Le constat, lapidaire, n’est pas celui d’un bateleur d’estrade mais du plus modeste et du plus vrai des écrivains de la Grande Guerre : l’auteur de Ceux de 14, Maurice Genevoix. Explique-t-il pourquoi la guerre de 14-18 a semblé, de tout temps, si difficile à raconter, à comprendre ? Nulle guerre n’avait mis aux prises, avant elle, autant de combattants, nulle d’entre elles n’avait eu autant de témoins. Des peuples entiers y avaient été associés par la peur et le sacrifice, le deuil, les privations. Des milliers de livres d’histoire ont été consacrés à ses développements. Les approches de son centenaire sont marquées aujourd’hui par une nouvelle floraison de publications, de films, de colloques. Pour nos contemporains, elle garde cependant, selon le sous-titre choisi en 1994, peu avant de mourir, par le grand Jean-Baptiste Duroselle pour son histoire de La Grande Guerre des Français, quelque chose d’« incompréhensible ». Parce que l’homme du XXIe siècle peine à s’imaginer lui-même à la hauteur de son cortège de souffrances et d’épreuves. Qu’elle lui semble mettre en branle des figures dont le moule a été perdu avec l’avènement de la modernité.

La guerre de 1914, comme le souligne justement l’un des maîtres de l’école française, l’historien Jean-Jacques Becker, les universitaires l’ont d’abord abordée sous l’angle de la stratégie, de l’histoire diplomatique et militaire. « Pendant longtemps, écrit-il, (…) on a concentré l’attention sur les “causes” de la guerre dans le but de déterminer les responsabilités, et de fulminer l’anathème contre elles, vouer aux gémonies, accabler du mépris public les hommes ou les systèmes ainsi montrés du doigt. »
On en est revenu aujourd’hui. Dans une France, une Europe où s’étiole un patriotisme jugé hors de saison, où l’idée de souveraineté fait figure de souvenir incongru et où les puissances qu’a opposées le conflit se trouvent entraînées, ensemble, dans la spirale d’un irréversible déclin, la Grande Guerre a changé de nature : le kriegspiel planétaire dont l’attentat de Sarajevo avait donné le signal apparaît comme un inutile massacre, un suicide collectif, le naufrage de la civilisation européenne. Si la Grande Guerre intéresse, c’est moins en tant qu’événement fondateur de l’Europe contemporaine que comme une épopée, qui avait porté à son paroxysme la douleur des hommes.

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