Puisque le premier ministre hongrois est "stigmatisé" par la plupart de nos medias, donnons lui la parole.
Le 3 septembre dernier, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a publié une tribune dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung dont voici de larges extraits (traduction par les soins d'EVR que nous remercions) :
Tout ce qui se déroule sous nos yeux menace toute l'Europe d’une explosion (…).
Les faits parlent d'eux-mêmes: cette année près de 150 000 immigrants illégaux sont entrés en Hongrie . Cela est déjà une fois et demi le niveau de 2014, et l'année n’est pas encore terminée. En Europe, le nombre total d'immigrants a augmenté de plus de soixante dix pour cent par rapport à la première moitié de l'année dernière. En Hongrie, environ quarante pour cent d'entre eux sont venus d’Asie centrale et du Sud, et presque une aussi forte proportion d'immigrés clandestins du Moyen-Orient .
Afin de comprendre ce que nous avons à faire, nous devons comprendre ce à quoi nous sommes confrontés. L'Europe n’est pas confrontée à un «problème des réfugiés» (…), mais le continent est menacé par une vague gonflante de migration moderne de peuples . (…).
Nous voyons tous les jours que des centaines de milliers de personnes frappent à nos frontières, et il peut encore y en avoir des millions motivés économiquement de venir en Europe. L'immigration est également devenue une entreprise commerciale productive, menée par des groupes de criminels dangereux et sans scrupules. Selon le Kronen Zeitung , les passeurs internationaux ont réalisé des recettes provenant du transport de migrants illégaux depuis 2000 de près de 16 milliards d'euros, tandis que près de 30 000 personnes ont trouvé la mort à la suite de leur mercantilisme. Ce qui se passe en haute mer ,dans les rues, sur nos frontières est inhumain, et ce qui fait l'Europe, c’est de la folie. Il faut dire que la politique défaillante d'immigration de l'Union européenne est responsable de la situation présente, et que tout homme politique européen qui fait espérer aux immigrés une vie meilleure et les encourage à tout quitter pour venir en Europe est irresponsable. Si l'Europe ne revient pas à la voie du bon sens, elle sera soumise à une lutte fatidique (…). Devant les nombreux aspects discordants dans les discussions sur les politiques d’immigration , nous devons établir des priorités.
La première et la plus importante est la protection des frontières extérieures. L'Europe de Schengen signifie pour nous, Européens centraux, la libre circulation au sein de l'Europe, l'expérience de la liberté, et c’est donc particulièrement important. Schengen signifie cependant que les États membres remplissent leurs responsabilités conformément au Code des frontières Schengen, la protection des frontières extérieures est donc une condition sine qua non de la garantie de la libre circulation au sein de l'Europe. Si nous ne pouvons pas protéger nos frontières, Schengen sera en danger. Et ceux qui veulent protéger l'Europe doivent y tenir précieusement.
Il est assez déprimant de voir que, à part nous, les Hongrois, ou seulement les Espagnols, personne ne veut protéger les frontières de l'Europe. L'Europe doit comprendre que vous ne pouvez pas contrôler quand vous vous laissez envahir. (…). Voilà pourquoi la clôture que nous construisons en Hongrie est importante. Nous ne le faisons pas pour le plaisir, mais parce qu'elle est nécessaire. La clôture est en fait rien de plus qu'une ligne de protection. La clôture, comme une ligne de protection, est en parfait accord avec Schengen . Elle est donc un instrument au service de l’Europe.
L'immigration est en Europe, bien sûr, une question de démocratie (…). La démocratie signifie, avant tout, d'entendre ce que les gens veulent. Nous avons donc en Hongrie organisé une consultation sur la question de l'immigration. Sur les huit millions de personnes interrogées, un million ont renvoyé une réponse, quatre-vingt-cinq pour cent ont considéré que l'Union Européenne avait échoué en matière d’immigration . Partisans européens des Etats-Unis d’Europe, je vous recommande les mots du grand Président des Etats-Unis d'Amérique (Abraham Lincoln): "le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple."
L'Europe ne peut pas être contre la volonté des citoyens de l'Europe. Maintenant ,les citoyens européens veulent quelque chose de différent de ce qu’est la majorité des gouvernements européens . Les gens veulent que nous soyons maîtres de la situation et que nous protégions nos frontières.
La protection des frontières est la première et la plus importante question. Toute autre question ne vaut d’être poser que quand le déluge sera arrêté. Quand nous aurons protégé nos frontières, alors pourra-t-on parler de quotas?
Dans le même temps, cependant, nous ne devons pas oublier que ceux qui viennent ici, ont été élevés dans une religion différente, et sont d'une culture fondamentalement différente. Ils ne sont pas pour la plupart chrétiens, mais musulmans. Cela est une question importante, parce que l'Europe et l'identité européenne ont des racines chrétiennes. N’est-ce pas déjà en soi préoccupant que la culture chrétienne de l’Europe ne soit quasiment plus en capacité de maintenir l’Europe dans le système de valeurs chrétiennes ? Si l’on perd cela de vue, la pensée européenne peut se retrouver en minorité sur son propre continent.
Source : "Wer überrannt wird, kann nicht aufnehmen" : Viktor Orbán; Frankfurter Allgemeine Zeitung, 3. September 2015