Publié le 30 juillet 2014 dans CAUSEUR.FR – Histoire Politique par Régis de Castelnau
Le dimanche 27 juillet 1214, se déroula la bataille de Bouvines qui vit la victoire de Philippe Auguste sur une coalition constituée de princes et seigneurs français, menée par Jean sans Terre, duc d’Aquitaine, de Normandie et roi d’Angleterre, et soutenue par l’empereur du Saint Empire Romain Germanique, Otton IV. Cet événement est considéré par tous les historiens comme tout à fait essentiel dans l’histoire de notre pays. Les conditions dans lesquelles il se déroula, les forces qui y étaient impliquées, les conséquences qu’il eut, tout cela lui a forgé une place importante dans notre roman national. Ignorant la « trêve de Dieu » et l’interdiction médiévale du combat le jour du Seigneur, celui-ci se déroula un dimanche. Pour la première fois y participèrent, au-delà des chevaliers et des troupes soldées, des « milices communales » envoyées par les communes de l’État capétien qui avaient répondu à l’appel de Philippe Auguste.
Ses conséquences furent très importantes, puisque l’Empereur Otton en perdit son trône, et que Jean sans Terre, déconsidéré, fut contraint d’accorder à ses barons « La Grande Charte ». Alors qu’au contraire, Philippe Auguste dominait désormais incontestablement ses barons. À partir de là, la longue construction des deux États prendra des routes différentes. Nous avons encore aujourd’hui le résultat sous les yeux. L’Histoire est ainsi faite d’un temps long dans lequel s’inscrivent les événements aléatoires, mais essentiels. Bouvines est l’un d’eux. La IIIe République avait prévu d’en commémorer solennellement le 700e anniversaire. La survenance de la Première guerre mondiale rendit cette commémoration impossible et la stèle édifiée pour l’occasion fut transformée en monument aux morts sur lequel figurait la phrase de Paul Bourget : «« La bataille de la Marne c’est Bouvines renouvelé à sept cent ans de distance. » Georges Duby, un de nos grands médiévistes, écrivit sur cette journée un livre inoubliable, qui fut un très grand succès, il y a quarante ans[1. Le dimanche de Bouvines, Gallimard, 1974.].
Cette année, pour le 800ème anniversaire, tout le monde s’y est mis. Des centaines de bénévoles, les collectivités locales, des artistes ont pris en charge une commémoration impressionnante. Spectacles, cérémonies, expositions se sont multipliées. Je recommande en particulier la reconstitution du champ de bataille en Playmobils (!), un bonheur. Jusqu’aux organisateurs du Tour de France qui ne s’y sont pas trompés. Toujours handicapés par la disqualification de la dimension sportive de leur épreuve, ils veillent à son caractère touristique et historique. Pas fous, le Tour est évidemment passé à Bouvines… En plus, cette année le 27 juillet tombait aussi un dimanche. Tout était donc réuni pour cette fête commémorative dans cette année qui en sera riche. Les habitants du Nord s’en faisaient une joie. Et l’État dans tout cela ? On espérait la présence du Président de la République, son prédécesseur également prénommé François s’était bien déplacé, aux côtés du Comte de Paris pour le millénaire de l’élection d’Hugues Capet. Ce serait non pour cause de déplacement à l’Ile de la Réunion, il devait être remplacé par le Premier Ministre.
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