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21 avril 2024 7 21 /04 /avril /2024 10:32

 Jean Ousset est mort il y a 30 ans, le 20 avril 1994.

La nuit où les caméras étaient braquées sur un autre vieil homme, la nuit où les micros recueillirent le verdict du procès Touvier, Jean Ousset est entré dans la Vie éternelle.

Loin du tintamarre médiatique, le fondateur de l’œuvre de "la rue des Renaudes" (aujourd'hui ICHTUS) nous avait quittés discrètement, comme il avait vécu.

Ceux qui ont eu la grande chance de le rencontrer lors de stages ou de visites de musées , ont vu et apprécié cette discrétion, cette sensibilité, cette délicatesse. "Un père tranquille" avait un jour écrit un journaliste peu bienveillant.

Il s'excusait souvent, croyant sans doute ne jamais assez bien faire. Il ne voulait pas déranger.

Alors là, c'est plutôt raté : vous avez dérangé bien des existences, Monsieur Ousset ! Nous sommes quelques amis à pouvoir en témoigner.

Et que de personnes aujourd'hui engagées dans l'action politique, sociale, culturelle, familiale, caritative, qui ont, à un moment ou un autre de leur vie, profité de l'oeuvre fondée il y a près de 80 ans ! Que d'associations actives de toutes sortes nées de cette oeuvre ! Que de vocations laïques et religieuses éveillées !

Jean Ousset fut de ceux dont parlait Le Play il y a un siècle, de cette élite "qui ne pense qu'au bien public, qui ne demande rien pour elle, rien pour ses parents, qui laisse de côté gloire... vanité". Lénine avait écrit: "Il nous faut des hommes qui ne consacrent pas seulement à la Révolution leurs soirées libres, mais toute leur vie". Ce n'est pas à cette satanée Révolution mais au Règne social du Christ que Jean Ousset avait  consacré sa vie. Face à ce Saturne qui dévore ses propres enfants, il avait parié sur Celui qui demande qu'on laisse venir à Lui les petits enfants. Il fut de ces chrétiens en qui espérait Bernanos, car "ils savent ce qu'ils ont à faire, ils savent ce qu'ils veulent, ils veulent le royaume de Dieu. Ils ne se contenteront pas de l'attendre, ils le veulent, ils iront le chercher. Ils ne le veulent pas seulement pour eux-mêmes, ils iront le chercher pour les autres, ils ne croient pas qu'un Chrétien soit tenu de faire son salut tout seul, en cachette, comme les avares comptent leurs sous".

Alors, aujourd'hui, pour demain, ne soyons plus avares, ni de nos sous, ni de notre temps, ni de nos talents.

"Dans le sillage de l'Eglise, tout a fleuri", comme nous l'a montré Jean Ousset à travers la sculpture, la peinture, l'architecture, la musique.

Travaillons à ce que, dans son sillage, toutes nos actions fleurissent… pour qu'Il règne !  

  Lisez Jean Ousset  ! Ses ouvrages sont sur www.ichtus.fr

 

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16 janvier 2024 2 16 /01 /janvier /2024 18:25

 

Nul ne peut ignorer de nos jours que la société moderne se trouve en présence de deux erreurs : l’une, au nom de la liberté, interdit à l’État d’intervenir, même pour sauvegarder l’intérêt public, dans le conflit perpétuel des intérêts privés : c’est l’individualisme ; l’autre, au nom de la justice, prévient les conflits et les abus de la liberté en supprimant les droits individuels qui les font naître pour y substituer le droit social de l’État : c’est le socialisme.

Pour en savoir plus et pour commander 

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14 janvier 2024 7 14 /01 /janvier /2024 12:48

" Le téléphone portable est très utile. Il n'empêche que cet engin rend sot. C'est ce que prouve Pierre-Marc de Biasi, chercheur émérite au CNRS, dans son dernier livre: Le Troisième Cerveau. Petite phénoménologie du smartphone (CNRS Éditions).

Il y a le premier cerveau, dans la tête. Ce qu'il est convenu d'appeler le deuxième cerveau, c'est le système digestif, lui aussi doté de neurones. Le smartphone serait donc le troisième, en raison des tâches qu'il permet de réaliser. L'ennui, c'est que ce troisième cerveau nuit aux deux autres - surtout au premier.

C'est la thèse développée par Pierre-Marc de Biasi, et qu'il argumente de chiffres très éloquents. Il y a d'abord la dépendance: 91% des utilisateurs déclarent ne jamais sortir sans cette prothèse. Une dépendance chronophage, puisqu'en moyenne on consulte son smartphone 85 fois par jour. Les 16-24 ans sont évidemment les plus atteints, avec plus de deux heures et demie d'addiction quotidienne. Pour Pierre-Marc de Biasi, le smartphone "à quelque chose du copain à qui vous demandez un coup de main pour régler un problème et qui vient s'installer chez vous, avec sa brosse à dents, pour s'occuper de tout".

Certes, le smartphone permet de trouver en deux clics les noms de tous les rois de France, ou n'importe quelle autre info tout aussi indispensable. Mais du coup, on n'a plus besoin d'utiliser sa propre mémoire: C'est le processus d'amnésie numérique.

Selon une étude menée auprès de 6000 personnes, la moitié des gens ne connaissent plus les numéros de téléphone de leur lieu de travail, et un tiers ne connaissent même plus celui de leur conjoint. Or la mémoire, c'est bien connu, moins on s'en sert, plus on la perd.

Le smartphone affecte aussi la capacité de concentration. Quand il est à portée de main ou de vue, on attend plus ou moins consciemment un message de sa part, et on est moins à ce que l'on fait. Pierre-Marc de Biasi cite une enquête montrant que "les performances du travailleur sont meilleures de 26% lorsque les mobiles sont carrément mis a l'écart et rendus inaccessibles en étant placés dans une autre pièce". D'autres travaux ont également conclu que, dans les collèges où le smartphone est complètement interdit, le bénéfice pédagogique équivaut en moyenne à une semaine de cours supplémentaire par année.

Aux dégâts sur le cerveau, il faut ajouter le bilan écologique du portable. Contrairement aux technologies dont il est le produit, ce bilan n'a rien de "nano" quand ont sait que plus de 1,5 milliard de portables sont vendus chaque année dans le monde, qu'on en change en moyenne tous les deux ans, et qu'il faut 70kg de matières premières primaires (venues des quatre coins de la planète) pour fabriquer un smartphone de 160 grammes. À ce rythme là, il y aurait de quoi assigner les fabricants de portables pour atteinte irrémédiable au cerveau humain autant qu'à la planète. "

Antonio Fischetti (Charlie Hebdo n°1380, 02 janvier 2019)

Vu sur LinkedIn

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17 décembre 2023 7 17 /12 /décembre /2023 19:15

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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 08:42
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6 juin 2023 2 06 /06 /juin /2023 15:50

Quand la justice devra rendre compte

Ainsi des juges ont rattrapé Nicolas Sarkozy et ont satisfait leur vengeance. François Mitterrand avait coutume de dire « Méfiez-vous des juges, ils ont tué l’Ancien Régime, ils tueront la République. »

Il n’est pas certain que cette décision de la cour d’appel de Paris tue la République mais elle a une valeur de symbole. Jacques Chirac avait été mis en examen mais la mort lui a évité de comparaître comme prévenu. Son successeur a eu droit à l’instruction comme mis en examen au tribunal, et à la cour d’appel comme prévenu et condamné. Dans notre constitution, le président de la République préside le Conseil supérieur de la magistrature. Il est celui à qui s’adresse le recours en grâce. Il est donc le juge suprême, héritier en cela du roi dont il tient l’autorité régalienne.

Le pouvoir ne connaît plus aucun frein

Lorsqu’un président de la République doit aller au commissariat de police pour faire régler son bracelet électronique qui est l’aménagement de sa peine, il perd rétroactivement toute autorité et dépouille par là-même l’institution de ce qui lui restait de majesté. Il n’y a plus donc en France qu’un seul pouvoir, c’est le pouvoir judiciaire. François Mitterrand avait raison, une telle solitude n’annonce rien de bon. Les juges eux-mêmes devraient y prendre garde. Nous savons depuis toujours que le vrai pouvoir de justice est un pouvoir délégué : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en haut », dit Jésus à Pilate.

Lorsque cette délégation n’existe plus, ni dans le droit constitutionnel, ni dans un droit divin, le pouvoir qui dispose de la force armée, des prisons et des sanctions pénales ne connaît plus aucun frein. Là est le vrai danger : une justice, rendue au nom du peuple français, pourra se voir demander des comptes par ce même peuple qui n’a plus d’institution qui le représente.

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30 mai 2023 2 30 /05 /mai /2023 16:34
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25 avril 2023 2 25 /04 /avril /2023 09:15
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24 avril 2023 1 24 /04 /avril /2023 19:59

Entretien
Sylvain Tesson : « L’Arménie est un éclat de nous-mêmes fiché dans l’Orient »

Sylvain Tesson s’est rendu en Arménie en octobre 2022, quelques semaines après l’agression azerbaïdjanaise sur le territoire arménien. Il faisait partie de la délégation culturelle du festival Paris-Stepanakert-Erevan, dont l’objectif était d’organiser des rencontres littéraires, des projections de films et des master class à Erevan et dans le Haut-Karabakh. Une façon d’exprimer sa solidarité avec le peuple arménien, de nouveau menacé, cent ans après le génocide de 1915 par l’Empire ottoman. L’auteur de La Panthère des neiges (prix Renaudot 2019) et de Blanc s’était déjà rendu en Arménie en 2020, au moment de la guerre de quarante-quatre jours, à l’issue de laquelle le dictateur azéri Ilham Aliev avait occupé la majeure partie du Haut-Karabakh, cette région arménienne enclavée à l’intérieur de l’Azerbaïdjan. Alors que l’Europe et l’Occident condamnent et sanctionnent la guerre menée par la Russie en Ukrainel’Arménie est abandonnée à son sort. Dans cet entretien réalisé à Erevan le 7 octobre, Sylvain Tesson dénonce le silence de la communauté internationale et nous met en garde contre les conséquences de cette épuration ethnique.

Qu’est-ce qui vous lie à l’Arménie ?

Sylvain Tesson Ce qui me lie à l’Arménie, ce sont les liens intangibles de la mémoire, de l’esprit, du cœur et de l’âme. Ce qui me lie à l’Azerbaïdjan, c’est un gazoduc. Pour un Français, voyager en Arménie est un peu une négation du voyage : il y a une telle proximité, une telle familiarité, un tel cousinage qu’on se trouve privé de dépaysement ! En 1994, je faisais le tour du monde à bicyclette avec mon camarade Alexandre Poussin. Nous avions 20 ans. Nous revenions de Singapour et nous dirigions vers l’Europe. Après les déserts du Pakistan et de l’Iran, nous avons passé le fleuve Araxe et sommes arrivés en Arménie. Nous ne connaissions pas le pays mais nous avions l’impression d’être rentrés à la maison ! C’étaient des « retrouvailles » avec une terre inconnue mais reconnaissable : une expérience spirituelle en même temps que sensorielle. Les paysages sont orientaux, presque bibliques. Quand le soleil se couche sur les flancs du mont Ararat, on se croirait en Galilée. Pourtant, on a l’impression d’arriver sur le parvis de l’Europe. L’Arménie est un verrou chrétien au milieu de l’ancien Empire ottoman. Aujourd’hui, réduite à peau de chagrin, verrouillée dans l’étau turco-azéri, elle est une anomalie démocratique étranglée par les satrapies. Le destin de l’Arménie ne concerne pas l’Arménie seule. Si on la considère comme une extension, une ombre projetée de l’Europe au seuil de la steppe, un éclat de nous-mêmes fiché dans l’Orient, alors c’est nous-mêmes qui sommes frappés par ses tourments. Si on use d’une image d’architecture militaire, l’Arménie est une échauguette, un avant-poste de l’Europe… Lisons Ivanhoé de Walter Scott : la chute du poste avancé préfigure toujours celle du donjon central.

Par

la suite ...

 

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20 avril 2023 4 20 /04 /avril /2023 10:10

Peut être une image de 1 personne

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16 avril 2023 7 16 /04 /avril /2023 10:06

A l'occasion de la (re)découverte d'une série télé des années 70...

On la retrouve facilement sur Internet ICI ...

 

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2 avril 2023 7 02 /04 /avril /2023 09:37
 

 (M.R.)

(M.R.)

Dans « Au Royaume du pauvre », la journaliste Myriam Rembaut raconte à la première personne son expérience vécue de ses années de pauvreté sans logement fixe. Entretien.

« Comme journaliste, dans toute cette histoire, je me sens dans une sorte d’entre deux. Un peu comme une pièce sur la tranche, en vivant cette pauvreté mais aussi en la regardant. C’est ce qui m’a poussée à écrire ce livre. » Myriam Rembaut est journaliste. Après avoir longtemps travaillé comme salariée, notamment dans la presse jeunesse, elle a fondé en 2010 une petite société d’édition pour la jeunesse. Mais au bout d’un an, les difficultés personnelles et professionnelles ont commencé à s’accumuler, et sa vie a basculé petit à petit…

Dans « Au Royaume du pauvre », publié en décembre (éditions Ex Aequo), elle raconte à la première personne à son « expérience » directe de dix années de pauvreté, sans revenus ni logements fixes, « en errance ». Alors que la trêve hivernale, qui suspend les procédures d’expulsion, a pris fin ce vendredi 31 mars, elle revient pour « l’Obs » sur les enchaînements qui précipitent la plongée vers la pauvreté et la façon dont le système politique et administratif laisse perdurer ce « piège à l’impossible évasion ».

C’est la fin de la trêve hivernale, qu’est-ce que cette expression vous évoque comme souvenir ?

 

Myriam Rembaut. Lorsqu’on est plongé dans les problèmes au quotidien, noyé dans les demandes administratives lourdes, acculé par les huissiers, la trêve hivernale est une bulle d’oxygène. On l’attend même avec impatience, surtout si on a reçu un « commandement de quitter les lieux » : à cause de cela, jusqu’au 1er novembre, on peut être amené à partir sur le champ. La trêve commencée, plus personne ne peut venir réclamer quoi que ce soit. C’est un temps de pause. Mais un temps trop court pour retrouver un logement. J’ai eu beau multiplier les démarches, les administrations sont saturées et rien n’avance. Et le stress revient vite quand les mois s’écoulent et que rien ne bouge.

Je n’avais pas de biens personnels, pas de famille argentée, ni de patrimoine. J’avais mis toutes mes économies dans mon entreprise. Je devais donc obligatoirement passer par le circuit des services sociaux. Et là, c’est minimum un an d’attente pour espérer une proposition d’habitation. J’ai également regardé vers les foyers sociaux. C’est là que l’ami d’une amie m’a proposé un hébergement en bail gratuit. Une semaine avant la fin de la trêve, j’ai quitté l’appartement dans lequel j’avais vécu dix-huit ans.

Qu’est-ce que ça change de quitter son chez-soi dans ces conditions ?

Soudain, tu te rends compte que tu ne rentreras plus jamais chez toi. On te met dehors et tu n’as rien, pas même une tente. Tu dois te débrouiller seul… C’est d’une violence inouïe. Sans maison, on perd pied. Une habitation, ce n’est pas qu’un abri. Ce sont des souvenirs, des amis, mais aussi une adresse pour recevoir son courrier, un lieu pour travailler…

Comment vous-êtes vous retrouvée dans cette situation ?

J’ai empilé une succession de problèmes. Des difficultés dans l’entreprise que j’avais créée. Je me suis retrouvée seule, gérante majoritaire d’une SARL, avec une couverture sociale insuffisante, un prêt professionnel à rembourser… Ayant tout placé dans mon projet, je n’avais pas d’argent de côté. Sans doute un tort… Et puis on m’a découvert une maladie, qui s’est avérée être un Parkinson. Ma mère est tombée malade et je l’ai accompagnée sur sa fin de vie à Dunkerque.

Pendant six mois, je n’étais pas à Paris. J’ai manqué des courriers de relance, mon compte bancaire professionnel a été du coup supprimé. Les démarches pour recréer un compte auprès de la Banque de France ont été ubuesques. Il fallait un refus officiel d’une banque, j’ai dû faire une quarantaine d’agences pour finir par l’obtenir… Et une fois que je l’ai eu, ça a été la surprise d’apprendre que je n’avais plus de Kbis (inscription au registre du commerce). Le tribunal de commerce avait suspendu ma société, car des courriers arrivaient à l’adresse d’où j’avais été expulsée.

Je me suis retrouvée très vite sans revenus, car impossible de toucher le RSA : il fallait pour cela que je produise un bilan financier certifié de mon entreprise… Or je ne pouvais pas payer un comptable vu que mon compte professionnel était fermé. Sans RSA, pas de CMU, pas de transport… Rien. C’est comme cela que je me suis retrouvée pendant plus de deux ans à vivre sans un euro.

Comment vous êtes vous loggée dans les mois qui ont suivi ?

Le 115 [le numéro d’urgence sociale] est plein, les foyers sociaux tristes à mourir. Personne ne sait quoi faire de toi. Tu deviens un poids mort. Et puis, s’il est facile de donner, il est plus compliqué de recevoir. Mais demander, c’est pire, ça s’apprend ! Il faut mettre son ego dans sa poche. Pour fuir la rue, j’ai tapé aux portes de ceux que je connaissais et parfois de ceux que je ne connaissais pas. C’est une vie d’errance. Il faut se fondre dans les familles, s’habituer aux règles communes qui changent d’une personne à l’autre.

J’ai navigué de foyers en logements, en région parisienne, à Toulouse, dans un village de la Creuse, en Normandie, dans le Nord. Quelques semaines ici, un mois là. Heureusement, il y a eu des périodes assez longues : une amie, par exemple, m’a hébergée pendant cinq mois, sans jamais me faire un reproche. C’est moi qui ai fini par partir pour qu’elle puisse retrouver sa vie. Cette période d’errance a duré près de deux ans et demi. Sans habitation, tu perds ton identité, ta crédibilité, et au fur et à mesure ta dignité. Tu n’es plus grand-chose pour les autres et pour la société.

Pourtant il existe des aides…

Oui, il en existe même une multitude. Mais encore faut-il trouver celle qui correspond à ta situation et être conforme à ce qu’on te demande. On m’a souvent répondu : « Madame vous n’êtes pas dans la bonne tranche d’âge ou de revenu. » Si tu ne rentres pas dans les cases, ton dossier est mort. C’est assez déprimant. Il faut que les gens comprennent que l’administration est une éprouvante machinerie qui rend totalement dépendant.

Il ne faut pas se plaindre, puisque l’on pourvoit à tes besoins. Mais, aujourd’hui encore, je ne peux rien faire sans avoir à lever le petit doigt. Le pauvre, pris en charge, entre dans une sorte de « cage dorée » . A chaque changement d’arrondissement ou de département, il faut tout recommencer. On passe notre vie à remplir des dossiers, à justifier quelque chose, à ajouter un document qui manque systématiquement. On fait et refait, et souvent pour rien, les mêmes choses. Aujourd’hui, je fais une vraie allergie aux dossiers !

Quand on est pauvre, on vit presque quotidiennement Kafka ou la maison qui rend fou d’Astérix, où chaque fonctionnaire fait ce qu’il doit faire, même si ce n’est globalement pas logique et s’il y a des erreurs. Cette semaine encore, j’ai reçu un courrier des impôts, me disant : « Nous allons contacter votre banque pour vous saisir… » Or la banque en question n’est pas la mienne…

Avez-vous parfois dormi à la rue ?

Par chance, j’ai toujours pu trouver une solution. Peut-être parce que je prévoyais en amont le lieu où je pourrais me poser ensuite. Le démuni doit s’inquiéter de tout, tous les jours. Que ce soit pour la nourriture, le logement, l’habillement, les soins… Et donc quémander. La première chose qui s’installe chez le pauvre, c’est la honte. Notre société reposant essentiellement sur l’argent, quand tu n’en as pas, tu es jugé. Il est facile de penser que si tu es dans cette situation, cela doit être de ta faute. Du coup, on s’isole.

Malheureusement, je n’ai pas pu compter sur ma famille ni sur mes amis qui se sont éloignés, par peur. Inconsciemment, je reflétais ce qu’ils pourraient devenir eux aussi. Et puis, soi-même, on s’écarte de tout et de tout le monde. Une personne en pauvreté réclame tellement d’attention qu’elle devient quasiment un boulet.

C’est pour ça qu’il faut être en amont des problèmes, ne pas laisser couler les gens. Quand quelqu’un commence à être en difficulté, pourquoi ne pas réunir, le propriétaire, le locataire, des travailleurs sociaux et chercher une solution la plus satisfaisante pour tous. Ce serait plus constructif que de jeter des gens à la rue. En France, on ne sait pas être dans la prévention, on ne connaît que l’urgence.

Vous pensez à des réformes politiques ?

Nos gouvernants sont totalement hors sujet. A combien de plan pauvreté on en est ? Chaque année, plus de 500 personnes meurent encore dans les rues, dont beaucoup d’inconnus. Les politiques promettent « zéro SDF », « le logement d’abord » et jamais rien n’arrive. Je trouve cela méprisant. Nos politiques parlent et promettent beaucoup, mais ne concrétisent pas ou peu les choses. Le gouvernement vient d’annoncer le budget colossal de 413 milliards pour l’Armée. Or il n’y a jamais un sou pour la lutte contre la pauvreté et le mal-logement. Il faudrait penser à équilibrer les choses. Tout ça est indécent.

Quelle est votre situation aujourd’hui ?

J’ai eu finalement beaucoup de chance. Grâce à la dernière famille chez qui j’ai habité, j’ai pu être aidée par le médiateur du RSI (la Sécu des Indépendants). « C’est le chat qui se mord la queue », m’a-t-il dit après avoir étudié mon dossier. C’est lui qui a fait que j’ai pu enfin obtenir le RSA. Au premier versement, j’ai eu l’impression d’avoir un trésor dans mon porte-monnaie. Depuis un an et demi, j’ai un logement social dans le Maine-et-Loire. Mais je ne peux plus intégrer un poste en entreprise du fait de mes trop nombreux ennuis de santé. Trop de violences et de souffrances psychologiques font que le corps devient source de douleurs. Je suis membre d’une association animalière que j’aide comme je peux. J’écris beaucoup et je peins. Cette activité de loisirs m’aide à contrôler les mouvements involontaires liés à Parkinson.

Désormais, il est important pour moi de m’impliquer pour les autres. Je suis choquée par le nombre de jeunes qui se retrouvent à la rue. Quand je pense au refus d’étendre le repas du Crous à un euro, je trouve cette décision scandaleuse. J’ai décidé de collecter un euro sur chacun de mes livres vendus pour constituer une cagnotte. Celle-ci sera reversée à un réseau qui lutte contre le mal-logement des jeunes.

Et la retraite ?

Pour obtenir une retraite, il faudrait que je paie 49 000 euros de cotisations que je n’ai pas pu régler lorsque j’avais mon entreprise. Je vais avoir 60 ans en mai, mais je n’aurai certainement pas grand-chose, même en ayant commencé à travailler à 20 ans et sans jamais avoir eu de trou dans ma carrière. Jusqu’à ce que je crée mon entreprise.

Au royaume du pauvre, par Myriam Rembaut, éd. Ex Æquo, 116 p., 11 euros. (EDITIONS EX AEQUO)

Propos recueillis par Guillaume Launay pour L'OBS 1er avril 2023.

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28 mars 2023 2 28 /03 /mars /2023 18:16

Conjurer la violence politique ?

Réponses dans "Permanences" Faire vivre le corps et l’âme C’est entendu : sauf exceptions, nous préférons tous être en vie plutôt que mort. C’est entendu également : la vie est sacrée, chaque vie est sacrée. Reste à savoir de quelle vie nous parlons…...  2020

Jésus non-violent ?

Jésus prône la non-violence ? Jamais lu cela dans l’Évangile Monseigneur Luc Ravel, évêque aux armées, répondait dans Il est vivant à une question sur la légitimité pour un chrétien de prendre les armes (entretien publié par Il est vivant ! n°315, mai...  2016

"On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique."

«Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus... 2014

«Bienheureux les doux car ils posséderont la terre »

... plutôt que la non-violence. Sur son blog, Philippe Maxence appelle à résister dans la durée : "[...] Cette résistance sera longue et demandera un engagement dans la durée, avec le même calme, la même détermination, la même paix que ceux qui sont apparus... 2013

La guerre civile qui vient

Yvan Rioufol, journaliste et éditorialiste au Figaro, publiait en début d’année 2016 un livre prophétique, La guerre civile qui vient, aux éditions Pierre Guillaume de Roux. Pour Rioufol, la déconstruction méthodique menée par les élites politico-médiatiques...  2016

De la violence politique à l'amour du Christ….

L es Rencontres de l’Espérance De la violence politique à l'amour du Christ …. Trois témoins pour mieux comprendre : * Frédéric Pichon : ancien militant de la droite radicale, revenu à la foi catholique à l'âge de 23 ans. Avocat engagé dans des activités...  2012

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23 mars 2023 4 23 /03 /mars /2023 20:23

« Lorsque Staline avait terminé un discours, tout le monde surveillait ses voisins du coin de l’œil pour ne pas être le premier à cesser d’applaudir. » - Alexandre Soljenitsyne

Retrouvez les articles sur STALINE sur Petrus Angel !

D'autres articles :

Staline : combien de morts sur la conscience ?

Joseph Staline : top 10 de ses citations

En images: à quoi ressemblait la Russie en 1953?

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21 janvier 2023 6 21 /01 /janvier /2023 17:35

Faute d’une politique nataliste vigoureuse, la réforme des retraites ne sera jamais qu’une rustine.   le 

Faute d’une politique nataliste vigoureuse, la réforme des retraites ne sera jamais qu’une rustine

Laurence Trochu, présidente du Mouvement conservateur, Sébastien Meurant, sénateur du Val d’Oise, Jacques Myard, maire, membre honoraire du Parlement, président du Cercle Nation et République et Thibault Perrin, haut fonctionnaire, déplorent, dans une tribune publiée par Valeurs Actuelles, le manque de vision de la réforme des retraites :

La conférence de presse du gouvernement s’est ouverte sur un constat implacable : il n’y a plus qu’1,7 actif par retraité. Ce ratio démographique est bien faible pour financer les quelques 350 milliards d’euros par an dont l’économie française a besoin pour payer les pensions. Voilà donc ce qui rend la réforme inéluctable.

Le besoin de réformer revient dans le débat français comme un abcès souvent calmé, jamais éradiqué. Il est le fruit d’une longue histoire sans cesse recommencée. Pour en faire la généalogie, qu’il nous soit permis de remercier l’espèce apparue sur terre un matin agité du printemps 1968 : le rêveur-jouisseur-sans-entrave. Parti à la retraite à 60 ans, notre lanceur de pavés balnéaires est désormais bien heureux que les actifs bûchent plus longtemps pour payer sa pension… bien souvent, à la place des enfants dont il n’a pas voulu.

Sans généraliser une tendance à tous les représentants d’une génération, retraçons les faits saillants de cette époque bénie. Voilà une cohorte, née après guerre, qui a élevé moins d’enfants que la précédente. Alors que, de 1946 à 1973, 850.000 berceaux venaient chaque année attendrir les chaumières, dans les deux années suivantes, les naissances ont brutalement plongé de plus de 100.000, et n’ont jamais retrouvé depuis lors leur niveau antérieur. Au cours de sa vie active, cette génération libérée cotisait pour des parents retraités en bien moins grand nombre qu’ils ne sont désormais. Les parents d’alors avaient travaillé jusqu’à 65 ans (c’était l’âge de la retraite depuis 1910) et leur espérance de vie s’élevait en moyenne sur la période à 75 ans. En 1981, ladite génération glissait majoritairement dans l’urne le bulletin de la « force tranquille », obtenant ainsi l’année suivante la retraite à 60 ans et les 39 heures de travail hebdomadaires. La retraite par répartition ayant été instaurée pendant la guerre par l’Etat français, sans que la génération des Trente glorieuses ne pense à la réformer, celle de mai 68 n’a pas jugé utile de se constituer des placements de prévoyance. Préférons le présent, puisque le système renvoie toujours à la génération suivante le pavé des pensions ! Quand, en 1999, profitant d’une embellie économique, le gouvernement Jospin lance le fonds de réserve pour les retraites, il est bien tard pour écoper. De fait, loin des 150 milliards prévus, le fonds maintient bon an mal an une vingtaine de milliards d’euros, soit 8% du besoin annuel… et 12% de la dette de la sécurité sociale.

Aujourd’hui, la génération d’après-guerre est à la retraite et son espérance de vie à 60 ans atteint 85 ans. Il est bien juste qu’à son tour, elle perçoive la retraite qu’elle a versée à ses parents. Mais elle la perçoit 25 ans au lieu de 10 : les proportions ne sont plus comparables. Ne nous y trompons pas : la réforme Borne n’est rien de plus qu’une 5ème rustine de l’après-désillusion mitterrandienne. Nous n’avons pas encore vu la fin de l’histoire. Car devant nous, la facture du vieillissement (dépendance et santé) se précise à mesure que la génération 1945 approche des 80 ans, et vient considérablement alourdir celle des retraites.

Qui donc paiera notre propre retraite ? Nos enfants ! Comme disait le fondateur de l’INED, le démographe regretté Alfred Sauvy, « nous ne préparons pas notre retraite par nos cotisations, mais par nos enfants ». A la vérité, la génération montante n’est guère plus féconde que ses prédécesseurs. Depuis 2010, la natalité est en baisse continue. La France a à nouveau perdu plus de 60.000 naissances annuelles sur la dernière décennie. Les carnets roses de l’année 2022 semblent guère encourageants. Or, quand les trentenaires de 2023 prendront leur retraite dans les années 2050, ce sont les enfants qu’ils auront eus – ou qu’ils n’auront pas eus – qui cotiseront.

Au Mouvement conservateur, nous portons une conviction : le rôle de la Politique n’est pas seulement de négocier des rustines pour le présent, mais de penser l’avenir. Grevée par ses engagements financiers et sa démographie déclinante, la France se prépare à affronter des crises sociales redoutables. Inconscient des drames qu’ils préparent, des idéologues enseignent à notre jeunesse que la dénatalité sauverait l’environnement. Cette thèse, bien des scientifiques la réfutent, à l’exemple d’Emmanuel Pont, auteur de « Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ? » (Payot, 2022).

Dans cette perspective, pour garantir nos retraites, respecter nos anciens et restaurer la confiance entre les générations, il semble que nous n’ayons que deux alternatives : recourir plus fortement à la prévoyance par la capitalisation – avec des ressources limitées et des aléas certains, – et, plus que jamais, relancer la natalité. Et si nous faisions les deux ?

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12 novembre 2022 6 12 /11 /novembre /2022 11:02
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3 novembre 2022 4 03 /11 /novembre /2022 11:37

L’émotion suscitée par l’assassinat de la jeune Lola est légitime mais ne doit pas nous faire taire. Au contraire. C’est lui rendre justice que de pointer l’incurie qui a rendu ce drame possible. Questionner nos responsables politiques n’est pas de la « récupération », c’est un devoir.


« Il y aura un avant et un après Lola ». Pour une fois, je ne suis pas d’accord avec mon cher Gilles-William Goldnadel. Le coup de « rien ne sera plus comme avant », on nous l’a fait après chaque attentat islamiste. Et tout s’est désespérément révélé comme avant, ou presque : le même déni, les mêmes incantations sur le « vivre-ensemble », les mêmes foutaises rassurantes sur l’infime minorité islamiste qui seule poserait problème (assertion démentie avec constance par l’actualité et par toutes les études sur le sujet). Si les massacres de 2015, celui de la promenade des Anglais, la décapitation d’un professeur n’ont pas dessillé ceux qui refusent avec constance de voir ce qu’ils voient, ni conduit nos dirigeants à changer radicalement de logiciel face à l’islamisme, on peut craindre que le meurtre barbare d’une collégienne ne change rien à notre politique migratoire, en fait à l’absence totale de politique migratoire.

Pour le coup, je ne suis pas non plus d’accord avec l’ami Ivan Rioufol (dans ses « Carnets » du Causeur du mois de novembre) quand il affirme que nos dirigeants sont des brutes sans cœur. Ils ont du cœur, ils n’ont même que cela. Leur émotion n’était pas feinte. Mais l’émotion n’est pas une politique, comme l’a justement pointé Jonathan Siksou.[1] L’appel à compatir en silence visait surtout à interdire qu’on se posât des questions. Défense de réfléchir !

Bien sûr, on peine à imaginer la souffrance de cette famille et on n’ose même pas dire qu’on la partage – comment le pourrait-on ?

3 novembre 2022 , Article réservé aux abonnés

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1 juin 2022 3 01 /06 /juin /2022 10:08

 

 

Le président de la République est souvent présenté comme un pur opportuniste, exprimant la quintessence du vide. À rebours de cette thèse, l’universitaire Frédéric Rouvillois estime qu’Emmanuel Macron porte une véritable doctrine, dans la droite ligne du comte de Saint-Simon, mêlant un socialisme à fois égalitaire et élitaire à une idéologie du mouvement qui vise à liquider les anciennes permanences. Il a également donné à voir un personnage volontiers messianique, faisant penser, toutes proportions gardées, au Maître de la terre décrit par R.H. Benson dans son fameux roman. Madeleine Dory nous rappelle les principales caractéristiques de cette œuvre au parfum eschatologique. La dimension autoritaire du personnage n’est pas à négliger non plus. Marie Dumoulin montre comment cinq années de macronisme ont fait reculer les libertés publiques. Enfin, la parole est donnée à cinq personnalités pour dresser un bilan synthétique du quinquennat.

VERS LA LIQUIDATION

Héritier de Saint-Simon, Emmanuel Macron entend liquider les permanences de l’ancien monde pour faire entrer la France dans un monde radicalement nouveau. Élu pour cinq années supplémentaires, ce personnage hors-norme mérite que l’on se penche sérieusement sur lui.

Emmanuel Macron a été réélu président de la République le dimanche 24 avril 2022, avec un score de 58 % des suffrages exprimés. Cette large victoire ne doit pas cacher une réalité plus nuancée : il a recueilli les suffrages de seulement 38,5 % des inscrits. Emmanuel Macron n’ouvre donc pas son second mandat conforté par un plébiscite populaire, mais dans une situation de statu quo : les fractures françaises sont toujours là, et il est aujourd’hui celui qui a su en tirer le meilleur parti. Pendant cinq ans, qu’il s’agisse de la révolte des Gilets jaunes ou de la pandémie de COVID, il n’a pas cherché à réduire ni apaiser ces fractures mais, au contraire, à cliver, à diviser, pour s’assurer l’allégeance d’un socle minoritaire suffisamment solide pour gouverner et être réélu.

Tirant les leçons de cette élection, le journaliste de L’Opinion Jean-Dominique Merchet souligne cependant la fragilité de ce socle minoritaire :

Nous assistons à la naissance d’une sorte de parti unique de gouvernement derrière Emmanuel Macron. […] Cela signifie qu’il n’y a désormais plus d’alternance possible au sein du système politique traditionnel. Très affaiblis, les partis de gouvernement et les catégories sociales qui les soutiennent n’ont plus d’autre choix que de fusionner derrière un chef. Ce parti unique de gouvernement est soutenu par ce que différents auteurs nomment le bloc central, élitaire ou bourgeois. Ce bloc sociologique n’est pas majoritaire dans la société, mais il gouverne seul. C’est le parti de l’ordre. Aucun autre bloc n’est majoritaire. […] Sa seule ligne possible : moi ou le chaos. Cela peut marcher un temps…

L’antienne « moi ou le chaos » suffira-t-elle à assurer sa victoire aux législatives ? Habituellement, les législatives qui suivent la présidentielle sont un vote de confirmation. Cependant, cette hypothèse est plus fragile aujourd’hui qu’il y a cinq ans et l’Assemblée nationale pourrait ne pas dégager de majorité. Une telle hypothèse présenterait l’avantage de redonner au Parlement un rôle décisif, ouvrant la possibilité d’un certain contre-pouvoir face au syndrome de toute-puissance autoritaire qui caractérise Emmanuel Macron. Ce ne serait certainement pas inutile, notamment quand on considère combien les libertés publiques ont été malmenées pendant cinq ans, comme le démontre Marie Dumoulin dans ce numéro de Permanences (lire pages 27 à 32).

Éradiquer toute forme d’héritage

Mais si monsieur Macron obtient une majorité absolue, il n’aura aucun frein. Où cela nous conduira-t-il ? Dans ce numéro de Permanences, nous avons cherché à cerner davantage le personnage : est-il seulement un opportuniste doué pour les calculs politiques ou a-t-il une véritable substance qui éclaire le chemin sur lequel il entend mener la France ? Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé Frédéric Rouvillois (lire pages 9 à 22), professeur agrégé de droit public et spécialiste de l’histoire des représentations politiques. Auteur d’un essai intitulé Liquidation – Emmanuel Macron et le saint-simonisme[1], l’universitaire situe clairement le président français dans la filiation de Saint-Simon :

Sur toutes les grandes questions politiques, il y a une parenté avec la tradition saint-simonienne, autrement dit avec cette utopie du mouvement, avec ce socialisme industrialiste et élitaire qui apparaît avec son inventeur, le comte de Saint-Simon, au tout début du XIXe siècle. […] Cette pensée utopiste et socialiste s’apparente avec ce que développe aujourd’hui notre jeune président philosophe.[…] Emmanuel Macron n’est pas seulement un opportuniste et un pragmatique : il a réfléchi au politique, il a une cohérence idéologique qui lui permet d’expliquer où il veut conduire la France.

Pour Frédéric Rouvillois, nous retrouvons chez Emmanuel Macron « l’idée du saint-simonisme qui combine un égalitarisme radical et une méritocratie républicaine très poussée. Pour que chacun possède selon son mérite, il faut s’attaquer à la notion d’héritage ». C’est ainsi qu’Emmanuel Macron serait mû par une volonté – en plus de diluer la France dans l’utopie européenne – de liquider, à terme, tous les héritages, non seulement matériels mais encore culturels, sociaux, anthropologiques, historiques, pour nous faire entrer dans un monde radicalement nouveau. Frédéric Rouvillois explique le sens de cette liquidation : « En choisissant le terme “liquidation”, j’ai voulu exprimer les deux sens du terme : fluidifier toute chose et, pour y parvenir, liquider le monde d’avant, supprimer les barrières et les repères qui construisaient l’humain et la société. Il faut en quelque sorte liquéfier pour liquider. »

Frédéric Rouvillois évoque également le côté séducteur et mystérieux, voire mystique, d’Emmanuel Macron, un peu comme « une sorte de faux messie ». Et il aborde les craintes que le personnage engendre dans une partie de l’opinion, avec cette idée que sa réélection pourrait mener à une sorte de cauchemar dystopique. Frédéric Rouvillois se réfère à cet égard au fameux personnage du roman de Benson, Le Maître de la terre, même si son propos n’est certainement pas de comparer le Président à l’Antéchrist ! Pour en savoir davantage, nous avons demandé à Madeleine Dory de nous présenter cette œuvre (lire pages 23 à 26), qui anticipe de manière saisissante les temps modernes et éclaire la dimension eschatologique de l’histoire concrète des hommes. Voici qui nous aidera peut-être à comprendre le parfum d’apocalypse qui se diffuse dans l’air du temps, à ce moment de l’histoire qui apparaît comme un possible point de bascule.

Guillaume DE PRÉMARE


[1] Le Cerf, sept. 2020, 304 pages, 20 €

 

Commander le N°589 de mai 2022

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1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 07:58

 

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1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 07:49

Quel est le symbole du muguet ?

Comme chaque année, il est de coutume d'offrir un brin de muguet à ses proches le 1er mai. Arrivée en Europe au Moyen Âge, cette fleur odorante - et toxique - est originaire du Japon.

Symbolisant le retour du printemps et des beaux jours, elle est même synonyme de porte-bonheur dans certaines cultures.

Pourquoi offre-t-on des brins de muguet le 1er mai ?

C'est au XVIe siècle que la tradition d'offrir du muguet est née. A cette époque, la fête de l'amour n'était pas le jour de la Saint Valentin, mais bien le 1er mai. Les princes et les seigneurs fabriquaient alors des couronnes de fleurs, afin de les offrir à leur bien-aimée. Ayant reçu du muguet, le roi Charles IX décida, le 1er mai 1561, que dorénavant, les dames de la cour recevraient cette fleur à clochettes blanches tous les ans. Le muguet a gagné en popularité au fil des siècles, très présent dans les défilés de mode et les parfums.

...

Quel est le rapport entre le muguet et la Fête du travail ?

Si la Fête du muguet et la Fête du travail ont toutes les deux lieu le 1er mai, ces deux célébrations n'ont pas grand chose d'autre en commun. La Fête du travail, dont les origines remontent aux Etats-Unis en 1884, commémore le combat des travailleurs pour obtenir de meilleures conditions de travail.

On pourra néanmoins remarquer que, de nos jours, certains manifestants ont pris l'habitude de porter un brin de muguet à leur veste, au lieu de l'habituelle églantine rouge.

Vu sur Geo.fr

 

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23 avril 2022 6 23 /04 /avril /2022 15:50

(…) le Bien commun n’est pas l’addition des biens particuliers, comme le stipule une conception individualiste de la vie sociale ; mais il est le Bien que tous peuvent rechercher en commun, car il garantit la dignité de toute personne humaine, sans exception, à commencer par la plus faible et la plus fragile, et s’appuie sur le caractère profondément social et solidaire de la nature humaine qui fonde l’amitié sociale et la fraternité entre tous.

.
De ce point de vue, l’Eglise ne saurait rester neutre par rapport aux bilans et aux programmes de ceux qui se présentent aux suffrages de leurs concitoyens. Aucune naïveté ne peut être de mise : on ne juge pas sur des discours mais sur des actes.
.

Il sera donc nécessaire en particulier d’interroger le bilan du dernier quinquennat et d’en faire un repère pour évaluer les programmes et apprécier la capacité des candidats à promouvoir la dignité de la personne humaine, voire à en atténuer les atteintes déjà inscrites dans la loi et les mentalités. Un tel bilan (…) se situera volontairement du point de vue des principes non négociables. Comment le respect inconditionnel de la vie humaine a-t-il été défendu ? Qu’on pense aux lois de bioéthique, avec la PMA sans père, la fabrication d’embryons chimériques, la désorganisation institutionnalisée de la filiation ; à l’allongement du délai de l’accès à l’avortement, sans préconiser aucune mesure pour aider les femmes enceintes en difficulté à garder leur enfant, ou à la volonté d’inscrire dans la charte de l’union européenne un « droit fondamental à l’avortement », considéré comme prioritaire par la Présidence française de l’Europe, ou bien encore à la revendication de la GPA ou de l’euthanasie. Comment l’idéologie du gender et la propagande LGBT s’invitent de manière croissante dans les programmes de l’Education nationale, en organisant la déconstruction de l’homme créé à l’image de Dieu, « homme et femme ».
Sans oublier bien d’autres aspects – gestion de la « crise » sanitaire, en rapport avec la liberté de conscience, et ses conséquences sociales et économiques ; montée du terrorisme islamiste et de la violence, fractures sociales en hausse et précarisation, écologie intégrale, conception de la laïcité et liberté de culte, place de la France dans l’Europe et le monde, immigration et aide au développement … –, un catholique ne saurait faire abstraction de ces questions sociétales dans son discernement et dans son choix.
*

Mgr AILLET, évêque de Bayonne. Texte complet sur le site Diocèse 64

Vu sur Benoît et moi ...

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21 avril 2022 4 21 /04 /avril /2022 22:52
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21 avril 2022 4 21 /04 /avril /2022 06:20
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20 avril 2022 3 20 /04 /avril /2022 07:10
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12 avril 2022 2 12 /04 /avril /2022 09:03

Du grain à moudre sur France Culture ...

Le 27 mai 2016

Avec Jacques Tremolet de Villers, Colette Beaune, Michel Winock.

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